Intervention de Didier Guillaume

Séance en hémicycle du vendredi 2 novembre 2018 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2019 — Agriculture alimentation forêt et affaires rurales

Didier Guillaume, ministre de l'agriculture et de l'alimentation :

Monsieur le président, madame la rapporteure spéciale de la commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire, monsieur le rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques, mesdames, messieurs les députés, un budget ne vaut que par ce qu'il permet d'accomplir. Ce qui compte, ce n'est pas sa masse budgétaire, c'est de savoir si les crédits affectés par la loi de finances permettront à la France d'honorer ses engagements tant européens que nationaux. Je pense, en l'occurrence, à la suite qui doit être donnée aux états généraux de l'alimentation et la loi EGALIM qui en résulte, que vous avez votée et qui permettra à la France d'accomplir les transitions nécessaires.

Mon premier objectif est de permettre à la France d'être souveraine au plan alimentaire et à son agriculture de rayonner dans le monde. Nous avons besoin d'une agriculture productive, qui exporte et dont la balance commerciale continue d'être excédentaire – 6 milliards d'euros aujourd'hui. C'est une chance pour notre pays.

Il nous est en même temps indispensable de produire une nourriture de qualité – nos concitoyens le demandent – et dont le prix soit juste, pour le producteur autant que pour l'acheteur. C'est tout le sens des mesures que vous avez adoptées dans le cadre de la loi EGALIM. Ce double objectif, nous pouvons le tenir.

J'ai déjà évoqué devant vous, dans le cadre des dernières questions au Gouvernement, les transitions que l'agriculture française doit accomplir. La première est la transition économique, que vous avez adoptée : les paysans et les pêcheurs doivent vivre dignement de leur travail et de leur production. Tel n'est pas suffisamment le cas aujourd'hui. Nous devons tenir compte de ce mal-être et prendre, dans les semaines qui viennent, les décisions qui permettront aux agriculteurs et aux pêcheurs de vivre dignement de leur activité. Il convient, à cette fin, de travailler à renverser la construction des prix.

La deuxième transition, sociale, doit aboutir à garantir aux agriculteurs un régime décent. Nous aurons l'occasion d'aborder, dans le cadre de la réforme générale des retraites, celles des agriculteurs. Nous aurons également à traiter de ces sujets importants que sont la condition des femmes, les congés de maternité et, généralement, la situation des travailleurs permanents.

Les deux autres transitions sont celles qui, aujourd'hui, parlent le plus à la société : la transition écologique et la transition sanitaire, qui sont aussi irréversibles qu'essentielles. Nous devons accompagner la transition vers l'agro-écologie, qui a déjà commencé et qui est absolument nécessaire en favorisant une agriculture moins consommatrice d'eau et de pesticides. L'engagement du Gouvernement et de toute l'Assemblée, je pense, est de réduire le recours aux pesticides de 25 % en 2020 et de 50 % en 2025. Il est indispensable pour la France d'être au rendez-vous de la sortie des pesticides le plus rapidement possible. Comme le Président de la République s'y est engagé, la France sortira du glyphosate à la fin de l'année 2020.

La transition sanitaire est liée à la transition écologique. Elle est la conséquence de la demande légitime de nos concitoyens d'une meilleure traçabilité de nature à garantir la sécurité sanitaire des produits. Nos concitoyens, quels que soient leur niveau social, leurs revenus ou leur catégorie socio-professionnelle, doivent pouvoir se nourrir de la même façon, avec des produits de qualité. Il ne saurait y avoir une agriculture pour les pauvres et une pour les riches.

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