Monsieur le président, monsieur le ministre, madame, messieurs les rapporteurs, à mon tour, je tiens à m'exprimer sur le budget qui nous est présenté et évoquer quelques points qui nous paraissent particulièrement importants.
Le premier, vous n'en serez pas surpris, est la fin du dispositif TODE. Nous avons bien compris que cette mesure s'inscrit dans le cadre d'une réorientation du soutien plus global que le Gouvernement veut apporter au travail salarié et à la réduction des charges, mais je continue d'entendre sur le terrain des interrogations, en particulier sur certaines tranches de salaires qui seraient pénalisées par le nouveau dispositif. La région d'où je viens, l'Alsace, toute proche de l'Allemagne, connaît depuis des années ces situations de distorsion de compétitivité en matière de salaires. C'est donc un sujet particulièrement sensible et il n'est pas inutile, monsieur le ministre, que vous réexpliquiez le dispositif, pour faire oeuvre de pédagogie.
Ma deuxième question porte sur la compétitivité. Je sais bien que, pour certains dans cet hémicycle, il s'agit d'un gros mot. Malheureusement, plus j'écoute ce que disent les uns et les autres, plus j'ai l'impression que nous ne savons plus parler que d'une seule forme d'agriculture : celle qui porte un signe officiel de qualité ou le bio, en oubliant l'essentiel des volumes de production issus de l'agriculture conventionnelle, qui souffre beaucoup. Je ne reviendrai pas sur la crise climatique, mais la pression subie s'exprime aussi en termes de compétition intra-européenne, voire internationale, et nous devons mener une réflexion sur cette compétitivité – en clair, sur l'économie de charges.
Or, monsieur le ministre, vous avez des arguments, avec par exemple l'exonération du dispositif de TICPE, qui bénéficiera pour 500 millions d'euros à l'agriculture, ce qui n'est pas rien. Vous avez la mise en place de l'épargne de précaution, qui va remplacer la DPI et la DPA. Vous avez la suppression de cinq taxes.
Ce qui manque aujourd'hui, c'est un discours. Or ce discours est important, parce que les agriculteurs qui ne sont pas engagés dans des filières exceptionnelles, qui font de l'agriculture normale et basique – celle dont les produits sont transformés par la coopérative ou l'industrie agroalimentaire privée, mais celle aussi qui compose l'essentiel de ce que les Français consomment – , ont également besoin qu'on leur parle et qu'on entende leurs inquiétudes.
À propos du troisième sujet, qui concerne les phytosanitaires, je prends le relais de Dominique Potier pour me réjouir, à mon tour, que le Plan Écophyto ait pu survivre et même être amplifié au fil des gouvernements et des majorités. Je me réjouis également, monsieur le ministre, car je l'ai fait avec vous lorsque vous étiez sénateur, du développement de l'agriculture biologique. Mais, comme Dominique Potier, je dis qu'il faut arrêter de faire semblant de croire que nous allons régler le problème du glyphosate tout seuls, chez nous, en France.