Mon général, je vous poserai une question légèrement décalée par rapport aux échanges précédents. Dans le document très intéressant que vous nous avez remis, j'observe que vous vous réclamez d'une tradition de défense de « guerre juste ». Soit. J'aimerais toutefois vous interroger sur le conflit au Yémen. Pour reprendre les termes de l'Organisation des Nations unies (ONU), il se déroule au Yémen la pire crise humanitaire au monde : cinq millions d'enfants y souffrent de famine, plusieurs dizaines de milliers de civils y ont déjà péri. Mon général, ma question sera directe : pouvez-vous m'assurer qu'aucune de nos forces terrestres n'est engagée dans ce conflit ?
Plus indirectement, à travers des ventes de matériel, nous participons d'une certaine manière à ce conflit. Quel regard portez-vous sur cette situation ? Ne pensez-vous pas qu'il y a là quelque chose qui nous engage malgré tout ? N'y a-t-il pas la possibilité, au nom du droit international, que pèse une forme de responsabilité pénale tout au moins de nos industriels qui, en exportant du matériel, ont participé à ce qui prend la tournure d'une catastrophe aux conséquences lourdes ? J'aimerais vous entendre sur le sujet en toute franchise, tout en étant conscient des réserves et des limites dues à vos responsabilités.