La France insoumise étudiera le budget de cette année au travers d'un prisme particulier, celui de l'annonce du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), qui demande qu'une rupture forte soit actée pour tenir des engagements climatiques supportables. Or le budget que vous présentez est en parfaite continuité avec les politiques que je qualifierais de laxistes sur les exigences de limitation des émissions de carbone, qui avantagent les plus gros pollueurs depuis des années. Vous refusez toujours de mettre fin aux exonérations dont bénéficient les secteurs du transport routier et aérien. C'est pourtant là que se trouvent non seulement une manne financière qui permettrait de financer la transition écologique – au bas mot 3 milliards d'euros pour la seule exonération des transports aériens –, mais aussi un moyen de réorienter l'économie vers des activités moins polluantes comme le ferroviaire, ou vers des mobilités douces comme le vélo.
Justement, parlons du plan « Vélo ». Il n'est finalement pas à la hauteur de l'urgence écologique et climatique que nous vivons, je viens de le rappeler. Pourtant, le vélo est un réel moyen de déplacement urbain, péri-urbain et rural. C'est aussi et surtout une vraie alternative à la voiture, qu'il ne faudrait pas négliger. C'est aussi un moyen de transport non polluant, qui plus est efficace contre la sédentarité.
Le constat de la situation actuelle est alarmant : moins de 2 % des trajets domicile-travail se font à vélo, et 58 % des personnes vivant à moins d'un kilomètre de leur travail s'y rendent en voiture. Je rappelle que le COI avait préconisé un investissement à hauteur de 87,5 millions d'euros par an. Les associations, pour leur part, avaient chiffré le besoin à 200 millions d'euros par an. Nous sommes bien en deçà, puisque vous proposez de consacrer 50 millions d'euros par an pendant sept ans à un fonds « Vélo », soit seulement 7 centimes par habitant et par an. Dans les pays du nord de l'Europe, ce sont 4 euros par habitant et par an. Nous avons vingt ans de retard dans ce domaine, et les propositions du Gouvernement en la matière ne permettent pas de rattraper ce retard et de mettre le vélo à la place qu'il doit prendre aujourd'hui.
Les mêmes problèmes de choix et de priorités se posent concernant le transport de voyageurs et de marchandises. 95 % des émissions de gaz à effet de serre du secteur du transport sont imputables au mode routier. Pourtant, vous choisissez de maintenir un plan d'investissement de 700 millions d'euros pour les autoroutes et une niche fiscale de 1,1 milliard d'euros pour le transport routier, là où le ferroviaire – fret comme transport de voyageurs – est abandonné au marché et aux logiques financières qui le détruisent. Le report modal vers le ferroviaire est une nécessité absolue, mais vous n'y mettez pas les moyens. Ainsi, au vu des sommes engagées et des choix que vous opérez, le règne de la route a de très beaux jours devant lui, au détriment de la planète !
Je me lasse de poser les mêmes questions, madame la ministre. Quand allez-vous enfin prendre en compte l'urgence climatique dans vos choix politiques ?