Intervention de Mathilde Panot

Réunion du mardi 30 octobre 2018 à 17h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Madame Brulebois, j'aimerais partager votre optimisme quant à la priorité qu'accorde le Gouvernement à la prévention des risques et au fait que « c'est bien parce que la prévention des risques est bien assurée, que le risque disparaît et devient invisible ». Malheureusement, je crains qu'une fois encore ce budget ne soit pas à la hauteur, au moment où l'on voit se multiplier les événements climatiques extrêmes. Vous le dites d'ailleurs vous-même, les crédits sont en baisse et le nombre des contrôles de sites classés a diminué.

Que vous ont dit les différents acteurs que vous avez auditionnés des problèmes d'effectifs ? Depuis 2013, ce sont en effet 13 250 postes qui ont été supprimés au sein du ministère et dans les agences, ce qui met en péril les capacités d'expertise du Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (CEREMA), comme la production par Météo France de prévisions permettant d'anticiper les épisodes de dérèglement climatique. Comment dans ces conditions peut-on avoir une gestion des risques à la hauteur de ce qui est exigé ?

Dans le domaine de la gestion des risques nucléaires, la commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité nucléaire a en outre établi que nous faisions désormais face à des risques accrus, du fait notamment du vieillissement des centrales et de l'apparition de problèmes – répertoriés ou non – dans les cuves, mais également pour des raisons liées à la sous-traitance de 80 % des travaux de maintenance et aux cadences imposées aux personnels, qui sont telles que les risques d'erreur humaine se multiplient.

Sans parler du fait que nombre de centrales ont été conçues pour une durée de vie au-delà de laquelle on envisage aujourd'hui de les maintenir en fonctionnement, ce qui, là encore, nous expose à de vrais problèmes, comme l'a notamment démontré Greenpeace. Que l'on soit pour ou contre le nucléaire, il faut assurer la sûreté et la sécurité des Français, ce dont nous sommes loin aujourd'hui.

En ce qui concerne ensuite la transition énergétique, on sait que le nucléaire empêche le développement des énergies renouvelables. J'aimerais savoir ce que vous a dit à cet égard le Syndicat des énergies renouvelables : je sais qu'il s'inquiète de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), dont la révision doit avoir lieu très prochainement mais sur laquelle le Parlement n'a aucune prise.

Qui dit enfin transition énergétique, dit sobriété et efficacité énergétiques. Or nous sommes encore loin du but, par exemple en matière de rénovation thermique : le CLER Réseau pour la transition énergétique, anciennement Comité de liaison pour les énergies renouvelables, évalue à 700 000 le nombre de logements qu'il faudrait rénover chaque année, chiffre dont nous atteignons à peine 10 % ; en matière d'accompagnement des ménages, le Gouvernement va augmenter le chèque énergie de 150 à 200 euros, là où le CLER estime qu'il faudrait monter jusqu'à 600 euros.

Si nous voulons respecter l'Accord de Paris, il va falloir y aller beaucoup plus fort et mettre en place un accompagnement social digne de ce nom.

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