Madame Sarles, la sécurité maritime est surtout née de la catastrophe de l'Amoco Cadiz, après laquelle ont été créés les préfets maritimes et tout un système qui fonctionne bien, puisqu'en quarante ans, il ne s'est pas produit d'accident maritime grave alors qu'un bateau entre dans la Manche chaque minute et demie. Ce sont essentiellement les centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage (CROSS) français, à Corsen, Jobourg, Gris-Nez, qui gèrent cette sécurité maritime.
On a vu avec l'accident improbable il y a trois semaines en Corse que, sur la pollution, nous sommes encore démunis. Elle est présente en effet de façon assez importante autour de Porquerolles et dans la baie de Saint-Tropez.
Les passerelles maritimes, au niveau de l'enseignement, me tiennent à coeur. Je vais vous révéler un secret : j'étais mauvais élève à l'école. Quand on n'était pas bon élève, chez nous, on était envoyé travailler à la ferme ou à la mer. C'est ainsi que mon père m'a envoyé travailler comme marin-pêcheur entre seize et dix-neuf ans. J'y ai fait mes armes et j'ai connu la difficulté de ce métier. C'est un métier que l'on fait quand on est jeune car on y gagne bien sa vie. Quand on est un peu moins jeune, c'est parce qu'on a trouvé l'amour et qu'il faut construire une maison. Et quand on est un peu plus vieux, c'est difficile. Il faut donc penser à des évolutions de carrière pour ces marins-pêcheurs, qui exercent un métier à risque car je vous rappelle qu'il s'est encore produit vingt-trois accidents mortels cette année. Sur ce nombre, dix-sept marins ne portaient pas de gilet de sauvetage ; ceux-ci sont à présent tellement lourds qu'ils en porteront de moins en moins. Ces évolutions de carrière à imaginer pour les marins-pêcheurs se feraient peut-être à terre, dans le transport maritime, dans d'autres métiers moins physiques et moins difficiles en termes de rythme de sommeil.
Madame Gallerneau et monsieur Falorni, vous avez raison de souligner que la SNSM fonctionne grâce à 7 000 bénévoles. C'est la première des choses à rappeler. Le profil de ces bénévoles évolue. Les marins-pêcheurs y vont moins car ils sont de moins en moins nombreux, et ces occupations de sauvetage intéressent de plus en plus des gens venant du monde terrestre, des médecins, des retraités… Il faut donc les former et, pour cela, se donner les moyens. Vous avez également raison de rappeler qu'il faut entièrement renouveler la flotte, reconstruite en grande partie après le drame de l'Aber-Wrac'h en 1986.
Il faudra trouver un autre mode de financement et c'est pourquoi j'ai brièvement évoqué le rapport de Mme Chantal Guittet. Plusieurs pistes sont possibles. Il conviendrait par exemple d'estimer les économies que la SNSM permet de faire réaliser aux compagnies d'assurances, car les bateaux sauvés par la SNSM sont autant de préjudices épargnés aux assurances. On pourrait donc demander à ces compagnies de participer à l'effort de guerre de la SNSM. De même, ne pourrait-on demander, comme les Britanniques, une participation aux plaisanciers, alors que chez nous seuls 11 % de plaisanciers participent à l'aide de la SNSM ? Nous avons envie de travailler sur ces pistes car la SNSM est un emblème de la France.
Madame Gallerneau, avec le GNL on part de loin car il n'y avait pas plus polluant que le transport maritime. L'Organisation maritime internationale (OMI) demande d'aller vers un transport propre et décarboné. Dans la zone SECA MancheMer du NordBaltique, les émissions ne doivent pas contenir plus de 0,1 % de soufre. Ce sont des choses qui vont dans le bon sens. J'en parlais l'autre jour, à l'issue d'un colloque sur la Méditerranée, avec ma camarade Mme Catherine Chabot, qui disait que la paix en Méditerranée viendra peut-être de la nécessité d'un environnement sain et propre. Les armements français prennent leur part et nous avons de même adopté un amendement important en première partie du PLF : le suramortissement qui permettra aux armateurs de réaliser des économies d'impôt dans la mesure où ils propulseront leurs bateaux avec un autre carburant que le fioul. C'est déjà le cas de Brittany Ferries et ce sera très probablement le cas des navires qui desservent la Corse.
Il y a d'autres métiers à imaginer, dans l'enseignement, autour des éoliennes en mer, des hydroliennes, de la programmation pluriannuelle de l'énergie, qui sera très maritime, j'en suis certain.
Monsieur Demilly, je sais que ce rapport vous intéresse puisque vous en étiez le précédent rapporteur. Je vous remercie de rappeler que nous sommes le deuxième domaine maritime du monde. Il faut s'en servir. Vous avez également évoqué le tourisme, dont nous n'avons pas parlé dans ce rapport alors que c'est tout de même, il ne faut pas l'oublier, la première activité de bord de mer. Vous avez vu que nous avons « mis le paquet » sur le dragage. Le dossier sur les hinterlands, qui était votre préoccupation, est suivi. Nous sommes conscients de l'importance de développer la chatière du Havre, cette arrivée entre le port du Havre et la Seine, mais les cordonniers sont parfois les plus mal chaussés : le maire du Havre a changé de mission…
Merci, monsieur Bouillon, de vos gentils propos sur ma « maritimité ». Le Brexit n'est pas encore réalisé. Étant au Modem, je suis naturellement optimiste ; on peut espérer trouver une solution. Le vrai problème du Brexit, c'est la pêche, car tous nos armements, lorientais, concarnois, boulonnais, qui vont pêcher dans le canal Saint-Georges, ne pourront plus s'y rendre. Il faut vraiment trouver des solutions, sinon ces contrôles à la frontière seront terribles, cela prendra des heures.
Comme MM. Prud'homme, Wulfranc, Descoeur et Bazin n'ont pas posé de question sur la « maritimité », je les remercie d'avoir été là. (Sourires.)