Elle a également su conduire l'usine Alteo vers des solutions pour assainir les rejets en mer et pour traiter la question des « poussières rouges » qui s'échappent du site de stockage.
Lors d'un déplacement dans le Jura, j'ai également pu observer la prévention en matière de santé au travail dans l'entreprise Grace Produits de construction et la prévention des risques liés à la collecte et au traitement des déchets industriels dangereux par l'entreprise CHIMIREC. J'ai noté les nombreuses questions que soulèvent les risques nouveaux qui sont encore mal définis par la science et par la législation, tels que les effets des nanoparticules ou des perturbateurs endocriniens.
Toutefois, le programme 181 apparaît clairement, eu égard aux objectifs affichés, comme un programme efficace au vu du peu d'accidents industriels recensés. L'absence d'accidents spectaculaires, voire meurtriers, ne doit cependant pas conduire à baisser la garde. Il faut développer en France une véritable culture du risque. Les leçons tirées des catastrophes ont permis l'élaboration des plans de prévention des risques technologiques – PPRT – qui, dix-huit ans après l'accident d'AZF, sont enfin en passe d'être définitivement concrétisés. Les plans de prévention des risques d'inondation – PPRI – , quant à eux, montrent leurs limites, au vu des inondations dramatiques de l'Aude.
L'éducation à la prévention des risques dès le plus jeune âge est une éducation à la responsabilité, qui doit permettre l'acceptabilité du risque. Elle doit être soutenue dès l'école.
Notre monde moderne nous expose sans cesse à de nouveaux aléas. Les manifestations du dérèglement climatique et du réchauffement se multiplient. S'y ajoutent ce qu'il est convenu d'appeler les « risques émergents », qui exigent de nouvelles études et des travaux transversaux dans des domaines peu connus, comme les effets « cocktail », la lutte contre la prolifération d'espèces envahissantes, telles que la pyrale du buis, et les effets des nanoparticules ou ceux de la 5G dans un monde qui sera de plus en plus connecté.
Je tiens aussi à insister sur la nécessité de préserver le financement des moyens humains pour la politique de prévention des risques sur le terrain, la recherche sur les risques émergents et l'accompagnement de la transition énergétique.
L'ADEME n'est pas sous-dotée : pour 2019, elle bénéficie d'une dotation pour charge de service public à hauteur de 591 millions d'euros en loi de finances initiale. Quant au fonds chaleur, M. François de Rugy, ministre d'État, a rappelé devant le Sénat, le 2 octobre dernier, l'engagement pris par le Gouvernement d'en augmenter le montant à hauteur de 300 millions d'euros, proposition à laquelle je souscris, ce fonds étant un acteur essentiel de la transition énergétique.
Pour conclure, je citerai le philosophe ingénieur Jean-Pierre Dupuy, qui écrit, dans son ouvrage Pour un catastrophisme éclairé : « Nous savons désormais que nous sommes embarqués, avec, à notre bord, une bombe à retardement. Il ne tient qu'à nous que son explosion, inscrite comme une fatalité peu probable, ne se produise pas. Nous sommes condamnés à la vigilance permanente. » C'est la volonté qu'exprime le programme 181.