Les enjeux sont importants – pensons aussi à l'intégration des ports français dans les nouveaux corridors maritimes qui relieront l'Irlande au continent.
L'incertitude entourant ces enjeux est préjudiciable pour nos acteurs économiques. Nous devrions être en mesure de les rassurer davantage, ou tout au moins de leur offrir une meilleure visibilité quant à l'avenir, comme nous venons de le faire avec la création d'un dispositif fiscal de suramortissement en faveur des propulsions au gaz naturel liquéfié ou décarbonées. C'est un mouvement qu'il convient d'accélérer : si des leviers non financiers existent pour favoriser la recherche et l'innovation, il nous faut les actionner.
Le transport maritime est entré tardivement mais de plain-pied dans la transition énergétique, en raison notamment des nouvelles normes imposées par l'Organisation maritime internationale en matière d'émissions de soufre et de CO2. D'autres réglementations pourraient suivre utilement, par exemple pour réduire la vitesse des navires de commerce ou en vue de créer une zone SECA – zones d'émission contrôlée de soufre – en Méditerranée. À la France de les proposer. Je sais qu'elle le fait déjà pour préserver l'environnement marin. Le ministère de la transition écologique est par ailleurs très engagé sur un autre sujet, celui de la pollution de la mer par les plastiques, dont l'issue sera trouvée à terre.
J'évoquais dans mon introduction le désintérêt de certains pour la chose maritime, l'océan ayant cessé pour eux de représenter un horizon à conquérir, une frontière à repousser, avec, par-delà les mers, l'inattendu et le sublime – on l'a vu hier encore à Saint-Malo. Aujourd'hui, cette frontière est non plus géographique, mais technologique : l'industrie maritime vit une véritable révolution. Nous avons là une chance d'attirer les nouveaux talents, de susciter des vocations et de convaincre chacun de ce que la France doit à la mer.