Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du mardi 6 novembre 2018 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2019 — Mission immigration asile et intégration (état b)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Le Gouvernement porte son effort sur le droit d'asile afin de remplir trois objectifs : optimiser la prise en charge des demandeurs d'asile, réduire les délais de traitement de la demande d'asile, et améliorer l'efficacité de la lutte contre l'immigration irrégulière.

Loin de vouloir remettre en cause le droit d'asile, comme je l'ai dit tout à l'heure, je crois cependant que votre approche est aux antipodes du bon sens. Vous affirmez que c'est en garantissant le droit d'asile que l'on en vient à mieux maîtriser le flux migratoire. Il faudra peut-être expliquer aux Français comment vous faites !

Je rappelle qu'en 2017 nous avons passé le seuil symbolique des 100 000 demandeurs d'asile, et qu'en même temps nous avons accueilli quelque 262 000 étrangers supplémentaires – ce chiffre ne tient compte que des premiers titres de séjour délivrés. La même année, selon notre ancien ministre de l'intérieur, il y aurait eu en France 300 000 immigrés clandestins – et il ne s'agit là que de la version optimiste. Le rapport d'information remis au mois de mai dernier par M. François Cornut-Gentille et M. Rodrigue Kokouendo – je n'en suis pas l'auteur, je peux donc me permettre de le citer à nouveau – donne une version beaucoup moins optimiste. Ainsi, pour la seule Seine-Saint-Denis, l'exploitation des chiffres des demandes d'aide médicale d'État et des données des allocations familiales montre que le nombre de clandestins se situerait plutôt entre 150 000 et 400 000, soit entre 9 et 24 % de la population totale du département, telle qu'elle est évaluée par l'INSEE.

Je m'étonne donc un tout petit peu du déni de réalité dans lequel vous continuez de vous maintenir, d'autant plus que, comme je l'ai déjà dit, nous n'avons pas les moyens d'accueillir tout le monde. Je rappelle quelques chiffres : il y a en France 3,5 à 6 millions de chômeurs, 8 à 9 millions de pauvres, 4 millions de mal-logés, sans parler de la dette publique astronomique qui frôle les 100 % du PIB.

Je propose en conséquence de concentrer directement nos efforts sur la lutte contre l'immigration irrégulière, ce qui m'amène à demander de transférer 64 millions d'euros au profit de l'action « Lutte contre l'immigration irrégulière ».

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.