Intervention de Christophe Castaner

Séance en hémicycle du mardi 6 novembre 2018 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2019 — Mission immigration asile et intégration (état b)

Christophe Castaner, ministre de l'intérieur :

Dans cet hémicycle, personne n'est favorable à l'immigration irrégulière. Personne ne défend cette thèse, sur aucun banc de cette assemblée, même si chacun fait le procès à l'autre de ne pas aller assez loin ou d'aller trop loin – l'examen du budget se prête aussi à ces discussions politiques.

Je constate que les reconduites à la frontière ont augmenté de 14 % par rapport à 2007, et qu'elles sont encore en augmentation. J'espère que ce rythme se poursuivra. J'ai donné des consignes très strictes à l'ensemble des acteurs de la chaîne sur ce sujet, pour que l'ensemble des dispositifs législatifs, notamment ceux de la loi du 10 septembre dernier, dite « asile et immigration », soient appliqués. Personne ne peut prétendre sérieusement que 100 % des OQTF, les obligations de quitter le territoire français, seront appliquées, je préfère être honnête avec vous, mais il faut faire en sorte de respecter la loi, c'est-à-dire de faire appliquer les décisions de justice.

Au-delà de ce premier élément, sur lequel on peut ne pas être d'accord, j'en ajoute un second : je suis favorable à des procédures plus strictes et à une application plus ferme des décisions. C'est le message que j'ai déjà fait passer et que je ferai systématiquement passer à toute la chaîne de décision et d'application de nos politiques sur le sujet.

Madame la députée, votre amendement vise à diminuer les crédits d'accueil des étrangers primo-arrivants, en particulier ceux consacrés aux formations linguistiques et civiques. Au-delà du débat politique qui peut nous opposer sur ces sujets, ce qui compte, c'est qu'une fois qu'une personne est admise en France, parce qu'on considère qu'elle a un statut qui mérite d'être protégé, on investisse pour garantir son intégration.

Depuis trente ans, les débats traditionnels entre la droite et la gauche portent sur les chiffres, mais on ne s'est jamais posé la question, quels que soient les gouvernements en place, des conditions de réussite de l'intégration dans notre pays. Moi, madame la députée, je suis, comme vous, attaché à cette intégration avec une exigence civique, s'agissant notamment des valeurs républicaines, et je suis intimement convaincu que la seule façon d'être intégré, c'est de maîtriser le français.

Une fois que les personnes sont autorisées à être accueillies en France, il faut que nous soyons plus généreux sur l'intégration, j'assume cette position. Cet effort en faveur de l'intégration donne leur sens aux crédits de l'action « Accueil des étrangers primo arrivants ». Réduire ces crédits, c'est ne pas accepter de se donner les moyens d'une intégration réussie. Le Gouvernement est défavorable à l'amendement.

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