Quand on regarde le travail qui a été fait avec certains médias internationaux, comme la BBC, on ne peut que constater que nous n'en sommes pas au même niveau. Avec le Brexit, les responsables de la BBC nous rapportent que les responsables politiques britanniques les incitent à se tourner vers des pays comme la Russie, arguant du fait que l'Europe n'est pas l'Union européenne. Mais eux pensent que leur avenir, ce sont les pays de l'Union européenne, auprès desquels ils espèrent conquérir de nouveaux marchés et accroître leur couverture, y compris vers Afrique, continent au coeur de l'évolution de notre monde.
J'ai rencontré le personnel de France Médias Monde, que j'ai trouvé découragé et même un peu désemparé. Pourquoi ? Parce qu'on ne leur a pas fixé des objectifs suffisamment clairs. Ils ont établi leur projet d'entreprise mais ne sont pas sûrs de recevoir les financements nécessaires pour le mettre en oeuvre. On leur a déjà réduit la voilure de 1,2 million d'euros ; ils subiront encore des coupes à hauteur de 3 millions d'euros au cours des trois prochaines années. Comment développer de nouveaux projets dans ce contexte de restriction ?
Il est certain que nous devons aujourd'hui nous regrouper entre Européens, pour faire face à la concurrence internationale et, en particulier, à celle de la Chine, qui dispose déjà d'un quasi-monopole en Afrique, mais aussi dans certaines régions d'Asie ou d'Amérique du Sud. Nous devons donc aller vers une alliance avec d'autres grands médias européens, comme la Deutsche Welle et de la BBC.
Quelle est la place de notre stratégie audiovisuelle extérieure dans notre stratégie nationale ? L'audiovisuel national d'une stratégie gouvernementale bien intégrée, mise en oeuvre par le ministre de la Culture. À l'inverse, l'audiovisuel extérieur a fait l'objet d'une simple communication du Secrétaire général du Quai d'Orsay, dans un cercle assez restreint, qui ne mobilise pas l'ensemble des moyens nécessaires. C'était une bonne idée de rattacher l'audiovisuel extérieur au Quai d'Orsay, mais à condition de pouvoir encore bénéficier des moyens du ministère de la culture, à commencer par la redevance audiovisuelle.
L'évolution d'Arte ne peut se discuter qu'avec nos partenaires. C'est la même chose pour TV5 Monde : nous devons entretenir des relations plus étroites avec les Belges, les Canadiens, les Africains qui contribuent au budget de cette chaîne. La baisse de notre contribution ne va sûrement pas les inciter à être très généreux…