Intervention de Général Philippe Lavigne

Réunion du mercredi 17 octobre 2018 à 18h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Philippe Lavigne, chef d'état-major de l'armée de l'air :

Je l'espère bien ! Ce système de combat futur sera construit autour d'une plateforme d'avion de combat, habité ou non, polyvalent, autour duquel nous placerons un certain nombre d'effecteurs, des drones, de combat ou non, et un armement. Quoi qu'il en soit, c'est la connectivité qui sera le game changer. Il est essentiel, dans les combats de demain, de pouvoir saisir toutes les opportunités. Il faudra être plus rapide que l'adversaire. La capacité à gérer l'ensemble des données, à se voir présenter des solutions par l'intelligence artificielle et ainsi à pouvoir agir sera déterminante. La connectivité, la collaboration entre tous les acteurs, qu'il s'agisse de drones, de satellites ou de chasseurs, permettront de conserver notre supériorité opérationnelle.

Madame Khedher, dans un MRTT, grâce aux kits Morphée, nous pourrons prendre en charge dix blessés lourds avec un kit normal, et jusqu'à 30 blessés moins lourds avec un kit évolué. Nous devrions avoir cette capacité entre 2020 et 2021.

Monsieur Ferrara, il est vrai que la coopération militaire dépasse largement le transport aérien, même si je ne répondrai que sur ce dernier point. Nous avons à disposition l'A400M et le KC-130J. Nous allons recevoir nos deux derniers KC-130J en 2019, et nous allons mettre en place un escadron franco-allemand à Évreux. Nous coopérons aussi dans le domaine des hélicoptères. Il s'agit aussi de transport aérien militaire. Les Britanniques ont mis à disposition trois Chinook pour l'opération Barkhane, et nous offrent ainsi une belle capacité de transport tactique. Nous collaborons aussi dans le domaine de la formation, en offrant des formations à nos amis européens.

J'ai en tête d'autres pistes pour cette coopération militaire : le domaine des hélicoptères de transport lourd serait propice à la mise en place d'un Évreux inversé avec nos partenaires allemands. Quelques pilotes français pourraient être formés sur des hélicoptères de transport lourd allemands, grâce à un système de location d'heures, au profit de nos théâtres d'opérations. Nous pouvons aussi imaginer une piste européenne dans le domaine du transport aérien très lourd et de très gros volume – nous sommes très innovants dans l'armée de l'air ! Pensons au C-5 Galaxy et au C-17 américain, ou aux Antonov russes que nous utilisons aussi. Une place existe certainement pour un avion européen de transport lourd volumineux. Quel serait le besoin ? Malheureusement, il s'agit premièrement de catastrophes humanitaires, qui nécessitent des transports très rapides de gros volumes et de poids importants. De nombreux pays européens sont concernés. Deuxièmement, avec le développement de l'initiative européenne d'intervention, un intérêt ira croissant pour des projections de force, par exemple pour des évacuations de ressortissants. Voilà des pistes pour une coopération européenne qui méritent d'être étudiées ! Nous disposons d'une belle industrie aéronautique pour faire face à ce défi.

Monsieur Pueyo, votre question porte sur les ressources humaines et le recrutement. Nous avons eu à faire face à un surengagement dans les années passées. Nous avons donc aujourd'hui une dette organique de préparation opérationnelle et d'utilisation de nos personnels. Nous n'avons pas pu mettre en place cette différenciation dans cette LPM, car l'armée a eu besoin d'employer un grand nombre de pilotes, notamment des pilotes de chasse. Nous avons manqué des recrutements en école et avons connu des manques dans les escadrons de chasse et de transport. Comment résoudre cette question ? Plusieurs solutions, existent. La LPM va permettre une remontée en puissance en termes de ressources humaines. L'armée de l'air pourrait, dans cette LPM, recevoir quelques 330 effectifs supplémentaires pour la période 2019-2022 et environ 1 250 pour la période 2019-2025. Nous aurons également la capacité de voler plus, grâce notamment à la réforme de la maintenance aéronautique. Voler plus nous permet aussi d'attirer plus. La problématique est celle de la fidélisation : nous fidélisons en étant plus attractifs, c'est-à-dire en volant plus, en ayant à disposition plus de petits équipements ou des avions modernes. Cette attractivité est un facteur très important ; cette LPM permet de répondre, en partie, à cette question.

De plus, cette montée en puissance m'oblige à penser autrement, par exemple pour la formation. Avec l'arrivée du nouveau PC-21, je suis en train de réfléchir à une nouvelle formation des pilotes. Grâce à des outils modernes et à la puissance de la digitalisation, je pourrai réduire les heures de vol, donc réduire le nombre d'instructeurs, et récupérer cette marge pour faire voler les pilotes dans les escadrons opérationnels qui en ont besoin.

Monsieur Batut, sur les quinze A330 MRTT, douze seront livrés dans la période de LPM 2019-2025. Trois figurent dans l'ambition opérationnelle 2030, et sont inclus dans le rapport annexé. Ils doivent remplacer quatorze C-135 pour le ravitaillement en vol et cinq A310 et A340 pour le transport stratégique. Nous remplaçons donc dix-neuf appareils par quinze. Cette commande de quinze appareils est issue du contrat opérationnel, en termes de dissuasion nucléaire comme de combat conventionnel. Je rappelle que nous avons besoin de ravitaillement en vol pour notre posture permanente de sûreté, pour notre gestion de crise, pour notre intervention nationale d'urgence et pour notre transport stratégique.

Concernant l'attrition et l'entraînement, Monsieur Lainé, nous avons effectivement besoin d'un entraînement opérationnel qui soit au niveau des menaces rencontrées. La préparation opérationnelle sera plus attractive. Nous mettons en place cette nouvelle politique de maintien en condition opérationnelle qui va nous permettre de plus voler. L'armée de l'air et les aviateurs sont innovants. Qui dit supériorité aérienne dit menace adverse : avions de combat, système sol-air qui nous challengent. Pour répondre, nous avons à disposition des avions de combat et des systèmes sol-air, en nombre compté mais dotés de très belles capacités. L'innovation va consister à intégrer dans les systèmes de combat, avions ou radars par exemple, des pistes virtuelles. Grâce à l'innovation technologique, nous allons insérer dans la situation radar des avions des plots radars fictifs, pilotés à distance depuis Mont-de-Marsan. Ce système génère des pistes, pilotées à distance par des pilotes de combat chevronnés. Pour résumer, l'entraînement sera plus important, grâce à l'augmentation de l'activité aérienne et à la nouvelle politique de maintenance en condition opérationnelle, et innovant, grâce à l'utilisation des technologies virtuelles.

Monsieur Chassaigne, la question des aéronefs présents à Châteaudun est une question qui nous préoccupe constamment. Nous pourrions vendre certains aéronefs. Nous avons déjà vendu des Jaguars en Inde comme des Mirage F1 aux États-Unis. Nous pouvons aussi les stocker ou les démanteler. Un projet de démantèlement existe et un conseiller spécial a été nommé au sein du ministère sur ce sujet. L'objectif est de « vider » Châteaudun en 2021, et l'armée de l'air a décidé qu'il n'y aurait plus, sur site, d'avions retirés du service.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.