Intervention de Émilie Cariou

Réunion du jeudi 25 octobre 2018 à 8h30
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉmilie Cariou, députée :

J'adresse également mes remerciements à notre rapporteure pour cette note, en ajoutant que les propos prudents avec lesquels le projet de note a été présenté ne se retrouvent pas exactement dans le texte écrit qui nous a été transmis. Je pense qu'il serait possible d'enrichir cette note de ces nuances de prudence, même si j'ai bien conscience que le format synthétique limite le traitement du sujet en profondeur. Il me semble qu'on pourrait rééquilibrer la place de certaines thématiques, notamment s'agissant de l'utilisation alimentaire de l'huile de palme, en soulignant peut-être davantage les problèmes sanitaires qui viennent d'être évoqués par notre collègue, notamment la part importante des acides gras saturés dans l'huile de palme, leur nocivité et leur présence dans de nombreux aliments transformés, les risques cardio-vasculaires…

S'agissant de l'utilisation de l'huile de palme dans les biocarburants, il me semble nécessaire d'expliciter que ces biocarburants ont vocation à diminuer fortement dans l'Union européenne et ne pas les traiter uniquement sous l'angle de leur rentabilité économique. Les discussions autour de la directive sur les énergies renouvelables viennent d'ailleurs de confirmer cette tendance puisque les nouveaux objectifs fixés au niveau européen en 2018 ont pour effet de geler les agrocarburants de 1ère génération au niveau de leur production de 2019, et ceux à base d'huile de palme notamment devront disparaître d'ici la fin 2030, pour lutter contre la déforestation.

À cet égard, il me semble que la difficulté à quantifier la part de la déforestation due à l'exploitation du palmier à huile ne devrait pas être traitée de manière trop importante par rapport à la question de la déforestation elle-même. Peut-être serait-il intéressant de développer les effets de cette culture sur la dégradation des forêts primaires et l'assèchement des terres marécageuses, et de présenter les initiatives des principaux pays producteurs pour lutter contre cette déforestation et l'évaluation des impacts sociaux de la déforestation ? Il me semble qu'il faudrait plus souligner aussi les impacts sociaux et surtout bien indiquer quels sont les acteurs qui bénéficient effectivement de cette filière. En particulier, en ce qui concerne la filière de certification écologique de l'huile de palme, il paraît peut-être nécessaire d'insister plus sur les limites de cette initiative, comme vous l'avez d'ailleurs fait oralement. Il manque en effet dans la certification existante une ligne directrice forte pour les producteurs, alors qu'il n'existe pas de sanction ou de restrictions en cas de non-respect des contraintes imposées par la certification. Enfin, sur le bilan carbone, des informations chiffrées auraient été intéressantes.

Pour conclure, il me semble qu'il serait utile de rééquilibrer le résumé introductif, comme l'a dit aussi Patrick Hetzel, car il met beaucoup en avant la question du rendement économique de l'huile de palme alors qu'il me semblerait préférable d'évoquer en premier les problématiques de la déforestation et les enjeux sanitaires.

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