Intervention de Catherine Procaccia

Réunion du jeudi 25 octobre 2018 à 8h30
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Catherine Procaccia, sénatrice, vice-présidente :

Je connais bien l'huile de palme car j'ai présidé pendant longtemps le groupe d'amitié du Sénat avec l'Indonésie, et j'ai été l'une des premières à être saisie de la problématique de l'huile de palme et à aller voir sur le terrain ce qu'était l'exploitation du palmier à huile. Je remercie notre rapporteure car j'ai néanmoins encore appris sur le sujet en lisant le projet de note.

J'ai assisté à de nombreuses conférences, en particulier à l'institut Pasteur de Lille, sur les fameux acides gras saturés et sur leurs risques cardiovasculaires. Les scientifiques et les médecins disaient à chaque fois qu'il n'y avait pas plus d'acides gras saturés dans l'huile de palme que dans le beurre, même si les industriels n'utilisent pas le beurre. Je rejoins notre rapporteure sur le fait que l'enjeu sanitaire de l'huile de palme dans l'alimentation tient au fait que l'on consomme trop de produits industriels, qu'ils contiennent de l'huile de palme ou d'autres huiles végétales.

Je confirme les éléments qui nous ont été présentés sur la déforestation, étant précisé que celle-ci tend à diminuer sous la pression internationale. Les grands pays producteurs ont mis en place des mesures en ce sens.

Par ailleurs, une remarque incidente : dans le paragraphe à la première page concernant l'utilisation alimentaire de l'huile de palme, le fait que l'huile de palme n'ait pas besoin d'être hydrogénée contrairement aux autres est un point positif, mais la lecture peut sembler laisser penser le contraire.

Dans la note, est évoqué également le paraquat : en tout cas, en Indonésie – je connais moins bien la Malaisie –, on nous disait que le paraquat n'existait quasiment plus. Je ne sais pas ce qu'il en est effectivement.

Enfin, en tout cas s'agissant de l'Indonésie, un élément n'apparaît pas : la pression de la population. L'Indonésie avait 75 millions d'habitants il y a 25 ans, elle en a 150 millions aujourd'hui, elle en aura 200 millions à la fin du siècle. Cette population fortement croissante a besoin d'espace et c'est pourquoi elle déforeste de toute façon, même si des mesures sont mises en place par le Gouvernement pour l'éviter. J'ai survolé des forêts où l'on voit des parties en train de brûler : même si nous, occidentaux, disons qu'il ne faut plus produire d'huile de palme, il faudra bien cependant que la population locale dispose d'espace pour vivre et pour travailler. Il y a quelques années, 62 millions de tonnes d'huile de palme étaient produites par an dans le monde, alors que la France n'en importe que 150 000 : autant dire que nous sommes marginaux en termes de consommation et que les mesures que la France pourra prendre n'auront aucun poids par rapport à l'Inde et à la Chine, qui sont des consommateurs bien plus importants.

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