Intervention de Cédric Villani

Réunion du jeudi 25 octobre 2018 à 8h30
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCédric Villani, député, premier vice-président de l'Office :

Un très grand merci en premier lieu à Anne Genetet pour ce travail. Je voudrais réaffirmer qu'il est courageux de se lancer dans ce type de note sur un sujet objet de controverses, et qu'il ne faut pas « reculer devant l'obstacle » et ne pas s'interdire certains sujets au motif qu'ils prêteraient le flanc à la polémique. Pour autant, il faut avoir bien conscience du contexte difficile rappelé par notre président tout à l'heure et prendre bien garde, en nous aventurant sur un terrain tel que celui que nous évoquons, qui n'est pas un terrain historique sur lequel l'Office a régulièrement travaillé, à éviter d'être mal interprétés. J'ajouterais que tous les précédents intervenants ont souligné le fait que certaines interrogations qui pouvaient naître à la lecture du projet de note ont été presque complètement levées à l'écoute de sa présentation orale. Les questions ont été clairement mises sur la table et notamment, l'ordre dans lequel se fait la déforestation, etc.

Il me semble donc qu'une réécriture permettrait d'améliorer facilement le texte dans le sens de la présentation orale. En particulier, même si les risques sont en partie liés aux comportements, il me semble nécessaire de souligner les sujets d'inquiétude, en rappelant pourquoi nous nous sommes saisis de ce sujet. L'ordre des arguments présentés dans le résumé pourrait être repensé : si tous les points sont exacts, pour autant la rédaction proposée peut donner l'impression que l'efficacité économique est le sujet principal, ensuite seulement les effets sur la santé, enfin la question de la déforestation. Or, pour beaucoup de gens, l'huile de palme est d'abord associée à la déforestation. L'ordre des arguments présentés dans le résumé pourrait en conduire certains à considérer que nous procédons à une sorte d'opération de « blanchiment » de l'huile de palme ; il me semble qu'il serait donc préférable au tout début de rappeler que l'huile de palme s'est invitée dans l'actualité et quelles questions cela pose : le fait d'être clairs sur les intentions et les enjeux avant de présenter des faits précis constituera un réel atout pour les débats qui s'ensuivront. Les bons combats menés avec de mauvais arguments vous retombent toujours dessus ! D'autant que les pays concernés vont fourbir des arguments solides et vérifieront les nôtres.

Une petite remarque sur ce qui a été dit concernant la part de la France dans la consommation mondiale d'huile de palme : le ratio entre 62 millions de tonnes produites dans le monde et 150 000 tonnes consommées en France correspond certes à moins de 0,25 %, mais cette fraction n'est pas tellement plus faible que la part de la population française dans le monde. La France représente bien sûr une part plus importante de l'économie mondiale, de l'ordre du pour cent en termes de PIB, même si cela pourrait diminuer dans les décennies qui viennent. Quoi qu'il en soit, il me paraît important d'adopter de bonnes pratiques dans un pays qui, comme le nôtre, a parfois tendance à donner des leçons au monde entier. J'ignorais par ailleurs qu'existait une telle expertise sur le sujet en notre sein, expertise qu'il convient naturellement de mettre à contribution.

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