Il est vrai que la description du contexte politique n'était évidemment pas l'objet de la note, mais je souhaiterais également l'évoquer ici.
Sur le plan sanitaire, tout l'enjeu est d'évaluer combien un Français moyen consomme de produits transformés. Cela vaut de la même manière pour le sel ou le sucre. Je n'oublie pas naturellement que manger autre chose que des aliments transformés coûte cher. L'ANSES a pour sa part calculé un apport maximum conseillé par jour de 8 % en acides gras saturés à chaînes longue comme les trois qui se trouvent dans l'huile de palme, à comparer à un taux de 12 % pour les autres acides gras. La difficulté tient à ce que l'on ne sait pas exactement à quoi correspond cet apport maximal et que donc, il est difficile de le respecter.
Pour répondre à Émilie Cariou, les limites du processus de certification sont indiquées en page 4 du projet de note, les décisions européennes concernant les agrocarburants également. Il est vrai que la certification reste incomplète et que des critiques récurrentes demeurent à son encontre.
S'agissant de l'impact social, que je n'ai pas évoqué dans ma présentation, je préciserais que la production d'huile de palme provient à 60 % de grands groupes industriels et à 40 % de petits producteurs, dont la moitié environ sont cependant liés à un grand groupe industriel. Paradoxalement, les petits producteurs indépendants sont sans doute les plus réceptifs aux arguments des pays occidentaux. À cet égard, la déforestation est un sujet complexe qui pourrait faire l'objet d'une note de l'Office à part entière ; dans notre cas, il s'agissait d'étudier ce que les scientifiques peuvent dire sur le lien entre l'exploitation de l'huile de palme et la déforestation telle qu'on la connaît. Ce lien est complexe, et il faut bien le comprendre avant de pointer du doigt spécifiquement l'huile de palme, même s'il importe dans tous les cas de rappeler que les zones forestières restent des capteurs de carbone essentiels. J'ai eu l'occasion de discuter avec des populations locales et de leur dire qu'elles étaient « assises sur le poumon de la Terre », et que, si l'on schématise, s'il existait des avantages économiques à court et moyen termes à cultiver l'huile de palme ou d'autres produits, à long terme, ce sont leurs enfants et leurs petits-enfants qui ne pourraient plus respirer. Il faut des actions d'information, de sensibilisation : les populations concernées sont réceptives et ont besoin de notre aide car, même si nous ne sommes qu'un tout petit acteur de la filière, nous pouvons peser sur les décisions et les orientations. Sinon, ce sont d'autres acteurs que nous qui imposeront leurs vues, qui ne sont pas nécessairement marquées par la conscience environnementale.
L'impact social et sociétal est complexe. Les études sont incomplètes, fondées surtout sur des observations de terrain et des études de cas individuels, avec différents types de petits producteurs et donc d'impacts, sans que nous soyons à ce stade en mesure de conclure de manière générale. En tout cas, ma recommandation serait d'accompagner les acteurs sur le terrain, pour les aider à obtenir des données précises, au-delà de celles transmises par les États. Au niveau mondial, la FAO reçoit des données de tous les États, mais celles-ci ne sont cependant probablement pas totalement exactes ni complètes. Avec d'autres méthodes, notamment l'observation satellitaire, on peut mesurer l'évolution des surfaces de forêt, mais pas leur nature ni leur biodiversité. Il faut poursuivre les efforts pour améliorer les connaissances en la matière. En conclusion, j'ai bien entendu les remarques des uns et des autres et vais m'employer à reformuler les points clés et à présenter une contextualisation politique du sujet, de manière aussi neutre que possible, comme l'exige la mission de notre Office.