Intervention de Edouard Philippe

Séance en hémicycle du mercredi 7 novembre 2018 à 16h00
Questions au gouvernement — Droit à la différenciation

Edouard Philippe, Premier ministre :

… et de mettre en oeuvre des politiques adaptées aux nouveaux périmètres qui leur sont confiés. Tel est le principe sur lequel nous avons bâti notre politique à destination des collectivités territoriales. Mais nous avons immédiatement ajouté que, si les élus locaux étaient prêts à proposer un certain nombre d'évolutions et s'entendaient sur le sens qu'elles pouvaient avoir, sans remettre fondamentalement en cause les grands principes que nous avions évoqués, nous travaillerions avec elles pour essayer de trouver au cas par cas la bonne organisation.

C'est exactement ce qui a été fait pour la collectivité européenne d'Alsace : ne pas remettre en cause les grands éléments de la loi portant nouvelle organisation territoriale de la République – NOTRe – , ne pas remettre en cause la région Grand Est.

Notre politique passe aussi par une contractualisation avec des territoires, lorsque ceux-ci s'inscrivent dans une logique de contractualisation. C'est ce qui interviendra avant la fin de l'année avec le département des Ardennes. Cette logique nous a conduits à faire nôtres les engagements pris par le Gouvernement précédent concernant le bassin minier. C'est la même logique qui s'appliquera à tous les ensembles du territoire lorsque des propositions seront faites et que nous pourrons travailler avec les élus à l'intérieur du cadre que nous avons fixé.

Monsieur le député, vous m'interrogez ensuite – et je le comprends aisément – sur le cas de la Corse. Je pourrais vous répondre facilement que celle-ci bénéficie déjà – et tant mieux ! – d'un statut très particulier qui lui confère bien plus de compétences qu'il n'en est confié à d'autres collectivités, notamment aux régions. C'est sans doute très bien. Il est assez naturel que la loi ait pris en considération la spécificité d'un territoire insulaire, dont chacun sait qu'il est marqué non seulement par une histoire, mais aussi et surtout par une géographie très particulière, étant donné son caractère insulaire et montagneux.

Il ne vous a pas échappé que, dans le projet de révision constitutionnelle présenté par le Gouvernement, figurait un article qui tenait compte de cette situation. Celui-ci allait encore un peu plus loin dans la prise en considération des spécificités non seulement du cas corse mais de l'ensemble des collectivités territoriales, puisqu'il visait à inscrire dans la Constitution le pouvoir de différenciation. Cet article permettrait de répondre assez complètement aux aspirations et aux demandes formulées par tous les élus.

Nous aurons l'occasion de discuter, comme nous l'avons fait depuis le début, avec les élus corses. Les membres de mon gouvernement se rendent régulièrement en Corse et entretiennent cette discussion. J'aurai moi-même l'occasion de m'y rendre avant la fin de l'année, comme je m'y suis engagé auprès des élus de l'exécutif corse.

Nous pourrons alors discuter de ces évolutions en ayant à l'esprit – je ne reviendrai pas sur ce point, monsieur le député, et vous seriez surpris si je faisais l'inverse – le cadre initial que nous avons fixé, tout en espérant que l'examen de la révision constitutionnelle permette de mettre en oeuvre ce que nous avons appelé le « droit à la différenciation ».

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