C'est cet exercice que nous avons fait collectivement pendant quatre ans. Il ne trouvera pas sa conclusion dimanche et devra durer. Je me souviens d'une expression – je vais peut-être vous faire sourire, madame la députée – utilisée par Régis Debray en 1989, à l'occasion de la célébration du bicentenaire de la Révolution française qu'il était chargé d'organiser : des débats étaient apparus – certains les appellent « polémiques », mais je préfère les prendre par le haut et les nommer « débats » – sur l'opportunité de célébrer tel ou tel événement, alors que des tragédies et des massacres avaient eu lieu dans le cadre de la Révolution. Ces débats avaient prospéré en 1989 et Régis Debray, avec un brin d'humour et une forme de philosophie, avait dit : « Je crois que nous aurons un tricentenaire très réussi. »
Il est difficile de regarder l'entière complexité du passé en face, madame la députée, surtout lorsqu'il s'agit d'un conflit. Difficile de penser aussi bien, sans les mettre nécessairement sur le même plan, aux victorieux qui ont combattu et qui ont fait preuve d'un courage et d'une abnégation immenses qu'aux fusillés pour l'exemple. Difficile de penser en même temps à ceux qui étaient au front et à ceux qui étaient à l'arrière, aux glorieux et à ceux qui, ensuite, ne se sont pas montrés à la hauteur des enjeux de l'histoire.