Les visites médicales constituent un dysfonctionnement majeur de notre système de santé. Actuellement, les professionnels du médicament reçoivent des visiteurs médicaux, sortes de commerciaux chargés officiellement d'informer les professionnels de santé pour leur vendre des médicaments et autres produits.
Le problème, vous le devinez, chers collègues, est que ces visiteurs médicaux sont d'autant plus partiaux qu'ils sont rémunérés en fonction de leurs résultats. Un rapport sénatorial parlait ainsi d'une « source d'information par nature biaisée ».
La revue indépendante Prescrire a observé que 74 % des visiteurs médicaux passent sous silence les effets indésirables des produits de santé. Les contre-indications et interactions médicamenteuses ne sont évoquées que lorsque le médecin pose la question, c'est-à-dire dans seulement trois quarts des cas.
Vous imaginez les conséquences d'un tel système : surconsommation des médicaments et scandale sanitaire. L'Institut de veille sanitaire et l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé observaient ainsi en 2016 que la France se situe parmi les pays les plus consommateurs d'Europe, juste derrière la Grèce.
En plus d'entraîner des dépenses colossales injustifiées, cela a un impact sanitaire déplorable, car certaines bactéries développent une résistance accrue.
Concernant les antidépresseurs, la propagande des industriels a particulièrement bien fonctionné. Dans son rapport de 2015, la caisse d'assurance maladie a observé qu'ils étaient trop souvent prescrits sans raison. Dans ces conditions, la publicité mensongère pour des médicaments nous est insupportable. Les organismes de régulation n'ont absolument pas les moyens de la contrôler efficacement. Les chartes mises en place n'ont apparemment pas l'effet escompté.
Nous proposons donc, conformément au dernier rapport de l'inspection générale des affaires sociales – IGAS – sur le sujet, de mettre fin au système des visiteurs médicaux et de constituer un organisme d'information indépendante sur le médicament. Pour cela, nous demandons le transfert de 10 millions d'euros de l'action 11 du programme « Prévention, sécurité sanitaire et offre de soins » vers un nouveau programme « Information pharmaceutique ».