Face à la désertification médicale, aux délais de rendez-vous scandaleusement longs, aux pénuries de spécialistes et plus généralement à toutes les inégalités d'accès à la santé, les mesures incitatives de ces dernières années ont toutes échoué. Les communes rurales sont les plus touchées, mais les périphéries des grandes villes ne sont pas épargnées : c'est ce qu'ont montré nos collègues Alexandre Freschi et Philippe Vigier dans le rapport rendu au mois de juillet dernier.
À l'inverse, ils démontrent que les mesures de régulation des installations – qui s'appliquent aux pharmaciens, aux sages-femmes, aux infirmiers et aux masseurs-kinésithérapeutes – sont très efficaces. Lors de l'examen du PLFSS, M. Véran n'avait qu'un seul argument pour s'opposer au conventionnement : aucune zone en France n'aurait trop de médecins. C'est faux ! Il existe des zones sur-denses, comme en témoigne le rapport du Conseil économique, social et environnemental de décembre 2017.
La liberté d'installation constitue une forme d'ingratitude corporatiste envers la collectivité : l'État finance les études des médecins, puis la sécurité sociale assure, par le conventionnement, leurs revenus. Or une partie des jeunes médecins critiquent cette situation ; çà et là, des initiatives de médecine itinérante se font jour pour pallier les insuffisances du système actuel.
C'est dans cet esprit que nous souhaitons créer un nouveau programme intitulé « Égalité territoriale de santé ». Il lutterait contre les déserts médicaux en déployant sur notre territoire un corps de médecins fonctionnaires ; ce serait là un nouveau débouché offert aux étudiants en médecine qui souhaitent faire de leur profession un véritable service public.
J'en profite pour témoigner de mon déplacement parlementaire à Cuba, il y a deux mois. Lors de la révolution cubaine, il n'y avait que 6 286 médecins sur l'île, dont 3 000 sont partis pour les États-Unis. Grâce à la mise en place d'un cursus universitaire gratuit et d'un corps de médecins fonctionnaires, le pays est aujourd'hui l'un des mieux pourvus au monde, avec environ un médecin pour 150 habitants.