Je suis professeur en biologie à l'École normale supérieure, détachée du CNRS, longtemps directrice de recherche et spécialiste de génétique, de génomique et de biologie de l'évolution. Et donc, naturellement, les sujets qui m'intéressent particulièrement et qui seront traités dans la révision des lois de bioéthique, sont relatifs au rapport de l'homme à son génome. Peut-on, tout d'abord, vraiment lire le génome ? Que peut-on faire vraiment d'une séquence d'ADN ? Quelles sont les relations entre génotype et phénotype ? J'ai participé à un groupe de travail au sein du Haut Conseil des biotechnologies sur les technologies végétales (HCB), et le problème du rapport génotype-phénotype est identique pour les plantes et pour les animaux.
Un autre sujet est celui de l'expertise scientifique et des biais d'expertise selon l'origine scientifique de la personne. Ce n'est pas seulement une question d'intégrité ou d'objectivité mais, aussi, tout simplement, d'angles de vue différents. Au sein d'un conseil scientifique comme le HCB, peut-on donner des avis scientifiques divergents ?
Une autre interrogation porte sur le rôle du scientifique dans l'État et sa capacité à penser.
Sur un autre registre, nous avons un problème de relation entre science, société et éducation. Par exemple, je ne comprends pas la confusion, dans le public, entre homéopathie et phytothérapie.