Intervention de Hélène Bergès

Réunion du mercredi 27 septembre 2017 à 10h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Hélène Bergès, directrice du Centre national de ressources génomiques végétales, CNRGV de l'Institut national de la recherche agronomique, INRA :

Je suis docteur en génétique moléculaire, un « pur produit » de l'université française devenue généticienne avec l'évolution de la science et des technologies. Je dirige un laboratoire à l'INRA, basé à Toulouse, une infrastructure nationale qui gère des programmes de génomique végétale pour traiter des questions scientifiques des plus fondamentales. Nous vivons une révolution technologique avec la production des données scientifiques massives utilisables pour la caractérisation des génomes. On dispose désormais de la possibilité de modifier le génome de manière ciblée : c'est l'ingénierie du génome. J'ignore si demain on pourra faire un enfant comme on veut et comme on le souhaite, en fonction des différents paramètres. Il faudra traiter des problèmes de bioéthique et dépasser les simples relations d'un gène ou d'un génotype avec le phénotype exprimé, pour s'intéresser à tout ce qui relève de l'épigénétique, ce qui peut être modifié de manière plus ciblée, donc avec des erreurs possibles. Cette problématique concerne l'humain comme la plante. Les virus sont encore plus simples à modifier que les bactéries. Se pose la question de l'acceptation par la société de certaines évolutions technologiques. Celles-ci paraissent bénéfiques quand on guérit un enfant d'un cancer. Mais ces technologies d'édition de génome de plantes permettent également de fabriquer des OGM non traçables, que l'on qualifie d'« OGM propres ». À Berkeley, il existe une prise de conscience sur ce point mais on assiste aussi, aux États-Unis, à une explosion des financements des programmes de recherche par l'agence de défense du gouvernement. Celle-ci finance aussi une société française, Cellectis, qui travaille sur l'édition de génomes et a bénéficié en juin d'une autorisation de traiter un patient, malheureusement décédé début septembre. Ces avancées doivent être également appréciées par rapport au changement climatique, pour une meilleure maîtrise de l'agriculture, pour innover en France ou dans d'autres pays, dans le cadre du protocole de Nagoya.

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