Certaines de vos idées peuvent être intéressantes, mais, de mon point de vue, nous sommes loin de la mise en oeuvre du rapport Borloo. Je l'ai lu et j'ai été marqué par le fait qu'il place l'humain au coeur des stratégies. En outre, il propose un changement de méthode. La politique de la ville a souffert d'être trop segmentée, avec l'accompagnement social, d'un côté, et la réhabilitation urbaine, de l'autre. Cette segmentation n'a pas permis de suivre une logique sociétale – l'enjeu même de la politique de la ville est sociétal. Lorsque M. Borloo parle d'une République plus inclusive et de mixité sociale, de recherche de l'égalité, il parle du campus numérique, du monde artistique. Lorsqu'il parle de politique éducative appropriée, il n'est pas seulement question du financement.
Autre point positif, le rapport mise sur la transversalité de l'action. Il me semble très intéressant de sortir de la logique du guichet de l'ANRU pour entrer dans une logique de projets partagés issus d'une démocratie participative qui est assez puissante. On ne sent pas une telle inspiration dans vos propositions, et c'est pourquoi, me semble-t-il, vous allez vers un échec.
J'ai été maire pendant dix ans et je partage le point de vue de M. Pupponi : les villes n'arrivent pas à suivre financièrement dans la mise en oeuvre des politiques de la ville telle vous l'envisagez.
Elles sont obligées de vider leurs fonds de tiroir, de vendre leurs dernières ressources, notamment des terrains à mettre à disposition, pour pouvoir bénéficier des financements de l'ANRU. Ce marchandage se fait au détriment de la cohésion de la politique de la ville. Je crains que les collectivités ne soient pas en mesure de vous suivre, monsieur le ministre.