Nous ne pouvons que louer la hausse de 860 millions d'euros du budget, une hausse concentrée sur les dépenses de personnel qui représentent 90 % des crédits ouverts en 2018. Si, au groupe Les Républicains, nous approuvons cette progression, des baisses de moyens sur d'autres postes nous inquiètent.
Mathématiquement, on peut comprendre que le budget de la formation baisse si le nombre de postes baisse. Mais c'est regrettable, car le manque de formation, notamment de formation continue des professeurs, est criant. La Cour des comptes a d'ailleurs relevé à juste titre que la « formation continue est utilisée comme vecteur de transmission des réformes plutôt que de développement professionnel des enseignants ».
Même constat pour l'accompagnement des élèves en situation de handicap. Les crédits alloués augmentent de 30 %, en ponctionnant sur le financement des emplois aidés et concernent principalement les AESH mutualisés. Dommage que la majorité ait rejeté en bloc l'excellente proposition de loi d'Aurélien Pradié sur l'inclusion des élèves en situation de handicap. Augmenter les AESH, c'est bien ; les former correctement, c'est mieux. La baisse de la formation de ces personnels est pour le moins paradoxale.
L'action 5 du programme 140 concerne le remplacement, notamment pendant les formations. J'ai bien noté que 500 emplois supplémentaires y seront consacrés, mais le remplacement reste une préoccupation majeure pour les directeurs d'école qui ont vu leurs fonctions se densifier. Monsieur le ministre, quelles avancées envisagez-vous pour leur remplacement et pour une meilleure prise en compte des missions et des responsabilités des directeurs d'école ?
Force est de constater que pour l'enseignement privé sous contrat, on s'écarte de l'esprit du « 80-20 », une règle qui fait consensus depuis des décennies en matière de moyens alloués : moins 850 postes dans le public, moins 550 postes dans le privé, alors même que les listes d'attente s'allongent dans de très nombreux établissements privés dont certains scolarisent des jeunes qui relèveraient de l'éducation prioritaire s'ils étaient scolarisés dans le public. Les conclusions de la mission confiée à Ariane Azéma et Pierre Mathiot sur la réforme de l'éducation prioritaire sont très attendues.
Quand l'éducation prioritaire devient le tout de la politique ministérielle en termes de moyens, le secteur privé associé à l'État par contrat ne peut plus en être exclu. Monsieur le ministre, l'éducation nationale ne devrait-elle pas s'inspirer de la culture de l'autonomie contractualisée depuis soixante ans avec l'enseignement catholique ? La modernisation du système scolaire passera par l'école du numérique mais aussi par l'innovation, l'expérimentation et la souplesse.
Une note émanant du service central du renseignement territorial a relevé la progression du communautarisme musulman à l'école. Quelle réponse envisagez-vous aux manquements à la laïcité signalés régulièrement ces derniers temps ? Je ne peux pas ne pas évoquer les cas de violences après les incidents de Créteil. Le « pas de vague » a provoqué une tempête. L'annonce précipitée de mesures choc a été différée. Heureusement, dirai-je ! La perte d'autorité des adultes à l'école et dans la société est un gros sujet de préoccupation qui nécessite un examen approfondi et une réponse vigoureuse. Chacune des composantes de la communauté éducative doit y prendre sa part.
Un mot encore sur l'excellent rapport de Mme Thill, qui a bien cerné le problème de l'école rurale : j'approuve notamment la solution d'encourager les regroupements et me suis focalisé sur les regroupements pédagogiques intercommunaux (RPI) qui ont émergé dans les années 1970. Ne pensez-vous pas, Madame la rapporteure, qu'il faudrait une législation spécifique pour les pérenniser ? Par ailleurs, ne souhaitez-vous pas que les dédoublements de classes soient étendus aux territoires ruraux ?