Monsieur le ministre, vous avez fait le choix d'une action résolue pour la réussite des élèves avec une priorité accordée au premier degré. Nous approuvons ce soutien nécessaire aux écoles maternelles et élémentaires, celles des apprentissages premiers, celles où s'ancrent les savoirs fondamentaux, et celles où se cristallisent les difficultés scolaires.
Le dédoublement des classes de CP et CE1, les stages de réussite, les évaluations mises en place en début d'année sont à saluer. Ces mesures sont fondamentales pour garantir la qualité des enseignements, mais également les conditions d'exercice des enseignants.
Nous approuvons la prochaine mesure d'abaissement de l'âge obligatoire de scolarisation dès trois ans. Même si aujourd'hui la plupart des enfants sont scolarisés dès cet âge, il est à prévoir un coût supplémentaire pour les communes. Est-il prévu une compensation par l'État ?
Vous savez, par ailleurs, combien la collaboration de l'État avec les municipalités me paraît importante pour tendre vers l'égalité des chances. Cela m'amène à vous interroger sur « la politique ambitieuse » annoncée pour l'école en ruralité dans le projet de loi de finances pour 2019 : qu'entendez-vous entreprendre de manière concrète pour l'école rurale ? Il est important de veiller à ce que cette politique ambitieuse n'exclue pas les écoles des petites communes dites « non rurales ».
Quant au second degré, nous nous interrogeons sur les suppressions de postes. Vous nous assurez, monsieur le ministre, que le volume d'enseignement sera maintenu en 2019 par le biais d'un développement des heures supplémentaires, qui serait en outre un levier d'augmentation des rémunérations des enseignants. Toutefois, cette décision reçoit, vous le savez, un accueil très contrasté de la part des équipes pédagogiques.
Pour les deux cycles, nous sommes par ailleurs inquiets quant à la capacité d'assurer les remplacements en cas d'absence d'un enseignant. Pourriez-vous nous éclairer sur ce point ?
En ce qui concerne les contenus pédagogiques, nous nous réjouissons de votre collaboration avec le ministère de la culture. Développer l'accès à la culture, susciter le sens de la création et de l'imagination chez l'enfant, renforcer la culture générale et la capacité d'analyse critique, voilà une mesure que nous attendons de voir se déployer dans les écoles, tout comme l'ouverture sur l'Europe et sur le monde.
Nous saluons votre reconnaissance de l'engagement des professeurs en éducation prioritaire. Toutefois, nous savons que beaucoup reste à faire, le constat de la Cour des Comptes sur cette politique est d'ailleurs mitigé.
Alors que l'actualité récente a été marquée par les polémiques sur les violences récurrentes dans certains établissements, je veux aussi redire ici notre plein et entier soutien aux enseignants dont l'engagement quotidien mérite toute notre admiration. L'annonce du plan d'action contre les violences à l'école, qui doit se traduire concrètement sur le terrain par une amélioration du climat scolaire, nécessite à notre sens une véritable réflexion collégiale pour amener une réponse cohérente.
Pour terminer, je vous remercie pour l'attention et les moyens financiers que vous portez à l'inclusion scolaire. Le retard de notre pays en la matière est énorme. J'ai pleinement conscience des avancées récentes, mais reste inquiète quant à la formation des accompagnants, par exemple, et la véritable reconnaissance de cette profession.
Monsieur le ministre, vous avez compris nos interrogations. Au regard de la politique générale engagée par votre ministère, notre groupe aborde néanmoins favorablement le projet de loi de finances en ce qui concerne l'enseignement scolaire, tout en restant prêt à travailler sur les problématiques évoquées.