Monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'État, avec votre audition, nous abordons l'examen du premier poste budgétaire de l'État. Inutile d'en souligner l'importance. Il concerne 12 millions d'élèves, la moitié des fonctionnaires de l'État, et surtout, il engage le développement de nos enfants et la formation des jeunes générations.
Ces crédits s'établissent, dans le projet de loi, à plus de 50 milliards d'euros, ce qui en dit long sur leur poids relatif et absolu. Il s'agit d'une priorité objective, personne ne le remet en cause, mais il s'agit également d'une source d'inquiétude forte, ne serait-ce que devant le bilan qualitatif de la formation des plus jeunes.
Les chiffres demeurent alarmants. Pour le moins, ils nous interpellent puisque 20 % des élèves sortent de l'école primaire sans savoir correctement lire, écrire ou compter. Comme professeur des universités, j'ai pu constater par ailleurs l'insuffisance du niveau de bien des étudiants de première année de licence – et je suis gentil de le dire ainsi. Et j'ai le sentiment que les choses ne s'améliorent pas avec le temps.
Bien sûr, il ne s'agit pas d'accabler nos collègues du premier ou du second degré. Ils ont souvent peu de moyens, et sont quelquefois placés dans des conditions d'enseignement objectivement rédhibitoires : ils subissent à la fois la pression de parents de moins en moins solidaires avec la finalité même de l'éducation nationale, mais aussi celle de la hiérarchie qui, pour ne pas faire de vagues, recherche trop souvent le déni ou le statu quo.
Certains phénomènes sociaux méritent une prise de conscience des pouvoirs publics et appellent donc le déblocage de crédits budgétaires. Je voudrais souligner deux problèmes particuliers. Le premier est le harcèlement scolaire, dont 700 000 élèves seraient plus ou moins victimes ; le succès du film Le jour où j'ai brûlé mon coeur en souligne l'importance, et témoigne des attentes en la matière. Le second est l'impact de l'usage des smartphones dans les établissements scolaires, indiscutable source d'inattention et véhicule de films pornographiques ou violents. Sur ces deux phénomènes, il convient de soutenir la communauté éducative, qui a besoin de se recentrer sur ses matières fondamentales.
Dans la lignée de la discussion en commission des finances, je souhaiterais que l'on s'attarde sur la question des écoles rurales. À ce sujet, le rapport de notre collègue Agnès Thill est attendu avec la plus grande attention. Au nom du groupe Libertés et Territoires, je conteste en tout cas fermement l'approche technocratique et froide visant à répartir les classes selon un schéma purement comptable. Le rôle fondamental de l'école dans la vitalité des territoires et sa fonction en matière de lien social doivent être prioritairement pris en compte. Ainsi, dans ma circonscription, toute une série d'établissements – je pense notamment à l'école de Murato et au collège de Luri – sont régulièrement menacés alors même qu'ils contribuent au maintien de la population en zone rurale. L'enseignement prodigué y est de très bon niveau et les effectifs réduits participent au développement social et humain des enfants.
Enfin, nous rejoignons les propos de la rapporteure spéciale du budget enseignement scolaires de la commission des Finances sur la valorisation de l'enseignement technique agricole. Il convient de faire encore progresser cette filière d'expertise. Il en va de l'avenir en matière d'alimentation saine et durable, et aussi de la vitalité de bien des territoires.