Intervention de Muriel Ressiguier

Réunion du mercredi 7 novembre 2018 à 17h15
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMuriel Ressiguier :

Le budget de la mission « Recherche et enseignement supérieur » augmente de 30 millions d'euros, soit 0,2 %, en tenant compte de l'inflation et de l'évolution démographique. Il convient de bien l'utiliser, car la recherche et l'université contribuent à conférer à la France son excellence et son rayonnement international.

Hélas, Parcoursup vient de remettre en cause la démocratisation de l'enseignement supérieur en aggravant les inégalités d'orientation. C'est bel et bien la fin de l'université émancipatrice et accessible à tous. Les enseignements sont professionnalisés, les universités perdent leur autonomie, la qualité des enseignements se dégrade et le parc universitaire se délabre. Le programme « Formations supérieures et recherche universitaire », dont le budget diminue de 63 millions d'euros, est un exemple symptomatique. Les indicateurs de performance du Gouvernement ne sont pas sensibles aux évolutions démographiques. De ce fait, ce programme voit son budget diminuer malgré une forte augmentation du nombre d'étudiants, ce qui va finalement impacter de 10 % le budget par étudiant. Un indicateur qualitatif montrant la dépense par étudiant serait judicieux car il permettrait de mesurer l'impact de la diminution des dépenses sur leur réussite effective.

Pour la recherche fondamentale, la philosophie est la même : privatisation, développement de l'entreprenariat et création de start-ups. Le Gouvernement déverrouille les portes entre la recherche et le privé, et orchestre la fuite des investissements publics vers les entreprises.

Le budget du programme « Recherche dans les domaines de l'énergie, du développement et de la mobilité durables », diminue de 36 millions d'euros. Cela semble contradictoire à l'heure de la transition écologique car c'est un appui scientifique propre à éclairer les décisions des pouvoirs publics dans des domaines caractérisés par des connaissances et des techniques sans cesse redéfinies. Les recherches menées grâce à ce programme sont à l'origine d'innovations majeures, qui sont de nature à apporter des solutions concrètes et essentielles aux questions environnementales.

Nous pensons qu'il faut cesser cette course à l'employabilité et comprimer l'hémorragie qui permet aux entreprises de bénéficier tous les ans de 6 millions d'euros d'argent public via le crédit d'impôt recherche, qui est bien souvent détourné.

Nous pensons qu'il faut envisager une refonte complète du système universitaire et de la recherche, en assurant la séparation privé-public, indispensable à la pérennité de la recherche française. Contrairement à vous, nous estimons que la recherche fondamentale, dont le but n'est pas la rentabilité à court terme, doit être confortée. Nous avons déposé une série d'amendements en ce sens car nous refusons votre logique du tout-privé et de la marchandisation du savoir.

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