Intervention de Michel Castellani

Réunion du mercredi 7 novembre 2018 à 17h15
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Castellani :

Il est heureux que, dans les difficiles choix budgétaires actuels, le ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation ait été parmi les mieux préservés des coupes et des restrictions. On pourra certes discuter de la ventilation et de l'ampleur relative des lignes budgétaires, mais on retiendra aussi que ce budget augmente de 549 millions d'euros.

Ce budget couvre deux grands domaines, l'enseignement supérieur et l'innovation-recherche. Dans le premier domaine, les objectifs prioritaires doivent être l'augmentation, indispensable, du niveau de qualification, le développement de l'alternance et l'amplification de la formation tout au long de la vie. Il y a là une chance majeure d'amélioration du fonctionnement de l'ascenseur social. C'est également vrai de la mise en ligne des cours, mais celle-ci doit être encadrée et contrôlée et demande au personnel enseignant un travail considérable en amont.

La volonté d'amélioration du niveau est complétée par l'incitation à l'ouverture internationale. La dynamique lancée par le processus de Bologne et les conférences qui ont suivi a posé les bases de l'espace européen de l'enseignement supérieur et harmonisé les systèmes nationaux. Le système européen de crédits transférables et la mise en place d'une politique d'assurance qualité des établissements et des formations favorisent la dimension internationale des formations supérieures, ce qui est positif.

En matière d'organisation universitaire, une double dynamique complémentaire doit être poursuivie : d'une part, l'affirmation de l'autonomie des établissements, qui garantit une adaptation de l'offre de formation aux conditions locales ; d'autre part, l'incitation au regroupement, les pôles de compétitivité, les contrats de site ou les projets de recherche collaborative. C'est une démarche indispensable face aux nécessités du temps et à la compétition imposée par les grands organismes mondiaux – regroupement dans le cadre français et recherche intégrée dans le cadre européen. On sait ce que coûte l'échec de la France et de l'Europe en matière digitale, comme on sait le rayonnement, l'indépendance et l'emploi que procure le succès d'Ariane, et l'on ne peut que se féliciter de l'inscription dans le présent budget des 205 millions d'euros destinés à sécuriser le développement du lanceur Ariane 6.

Le programme 172, « instrument du pilotage de la recherche », est articulé autour de dix axes, tous importants. Il est essentiel que soient articulées recherche fondamentale et recherche appliquée, domaine dans lequel l'interaction avec les entreprises devient essentielle. On doit pouvoir jouer « gagnant-gagnant » entre entreprises, finances publiques et, surtout, société tout entière. On comprend, par exemple, que tout ce qui converge vers la transition écologique et énergétique représente une incontournable voie d'avenir, mais constitue également un ensemble considérable d'initiatives et d'emplois, tout comme la technologie agricole et la recherche en matière de santé.

Nous n'ignorons pas les critiques qu'a suscitées ce budget de la part de la conférence des présidents d'université, des syndicats d'enseignants ou des syndicats d'étudiants, notamment le fait qu'il représente 2,27 % du PIB quand l'objectif en Europe est de 3 %. Mais nous prenons acte aussi des efforts accomplis, tout en sachant que ces derniers devront être poursuivis et, si possible, amplifiés.

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