Madame la ministre des outre-mer, vous avez lancé il y a quelques jours les travaux qui s'inscrivent dans le cadre des Assises des outre-mer. Chaque territoire aura à coeur de faire remonter vers vous ses attentes à l'égard de l'État.
La Nouvelle-Calédonie, comme chacun le sait, doit faire face à des enjeux politiques et institutionnels majeurs, avec l'organisation, dans un an environ, d'un référendum d'autodétermination. Cette échéance fait déjà l'objet d'un accompagnement très fort de la part des partenaires de l'accord de Nouméa. Elle ne saurait constituer la thématique des assises, alors que nous devrions plutôt orienter nos réflexions vers le secteur de la jeunesse.
Lors de votre récent déplacement en Nouvelle-Calédonie, vous avez pu mesurer les spécificités de notre territoire en la matière. Et si, heureusement, l'immense majorité de la jeunesse, toutes ethnies confondues, réussit à s'insérer en dépit d'un contexte économique difficile, 600 jeunes quittent encore chaque année le système scolaire sans qualification, sans diplôme, sans emploi, et une grande partie d'entre eux reste sur le bord du chemin, un chemin qui mène trop souvent à la délinquance.
Vous en conviendrez avec moi, les autorités calédoniennes et l'État doivent unir leurs efforts en la matière. Or, si des outils existent, la palette des dispositifs d'accompagnement et d'encadrement reste insuffisante.
Insuffisance en matière d'accompagnement d'abord, avec l'attente de l'extension des mesures « garantie jeunes » et « emplois d'avenir », sur lesquelles l'engagement de l'État tarde à se concrétiser.
Insuffisance en matière d'encadrement aussi, même si je salue les résultats exceptionnels du service militaire adapté, qui cependant n'accueille que des majeurs sans passé de délinquance. Or, chaque année, 2 200 mineurs sont impliqués dans des faits de délinquance en Nouvelle-Calédonie : 60 % de la délinquance de proximité est le fait de mineurs, et la moitié de ces mineurs délinquants a moins de quinze ans.
Devant une délinquance qui mine le quotidien des Calédoniens, ces statistiques montrent qu'il nous faut à toute force créer le plus vite possible un établissement public d'insertion dans l'emploi, pour répondre à une demande que nous formulons depuis longtemps.
Madame la ministre, ma question est la suivante : quelles mesures l'État peut-il s'engager à mettre en place en Nouvelle-Calédonie pour accompagner la jeunesse en difficulté et lutter contre l'augmentation de la délinquance des mineurs ?