Madame la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, 2 300 emplois à supprimer au cours des cinq prochaines années : c'est la perspective annoncée pour le fleuron du secteur aérospatial que constitue ArianeGroup, en raison de la fin des études liées au développement d'Ariane 6 et d'un contexte européen défavorable. 2 300 suppressions d'emplois, c'est l'équivalent du nombre des ingénieurs de très haut niveau et autres personnels qu'emploie le groupe dans ma circonscription des Yvelines.
Vous comprendrez qu'une telle annonce peut susciter quelques inquiétudes, que je sais partagées, même si la réduction d'effectifs devrait reposer notamment sur le non remplacement de départs à la retraite.
Les premiers concernés, ce sont naturellement les employés, vis-à-vis desquels nous portons, nous la France, aux côtés de nos partenaires européens, une responsabilité particulière dont nous ne saurions nous dédouaner.
ArianeGroup, c'est avant tout une aventure européenne, l'histoire d'une coopération amorcée de longue date autour de la question spatiale. À elle seule, elle emploie 9 000 personnes en France et en Allemagne. Alors que les commémorations du centenaire de l'armistice ont été l'occasion de rappeler l'aspiration des peuples européens à une union sans cesse plus étroite, on ne saurait se satisfaire du sort réservé à la coopération européenne en matière spatiale.
Certes, des efforts de compétitivité sont nécessaires, et nos industries sont prêtes à les accomplir ; mais elles ont aussi et surtout besoin de nous, de notre engagement fort à leurs côtés, en faveur de toute la filière aérospatiale européenne et de son indépendance.
Madame la ministre, comment le Gouvernement entend-il soutenir le projet Ariane 6 et accompagner le plan de compétitivité d'ArianeGroup afin de limiter les suppressions d'emplois ? Quelles assurances les États membres ont-ils prévu d'apporter aux industriels européens alors que l'Europe doit affronter une situation de concurrence déséquilibrée ? Je pense en particulier au Buy American Act des États-Unis.
Enfin, que propose la France pour que soit adoptée une stratégie ambitieuse à même de garantir la souveraineté spatiale européenne à laquelle je nous sais, sur ces bancs, tous attachés ?