La France et l'Europe sont de grandes puissances spatiales ; elles ont su démontrer à de nombreuses reprises qu'elles se situaient au meilleur niveau. Je pense aux images de la comète Tchouri, obtenues par la sonde Rosetta, lancée par l'Agence spatiale européenne, ou encore aux grands programmes de service public européens que sont Galileo pour la géolocalisation et Copernicus pour l'observation.
Le succès de nos lanceurs ne doit rien au hasard, mais découle d'une volonté politique constante depuis plus de cinquante ans, s'appuyant sur une recherche d'excellence, sur une agence française, le CNES, et l'Agence spatiale européenne, l'ESA – European Space Agency –, compétentes et professionnelles, mais aussi sur un tissu industriel solide et diversifié.
L'accès autonome à l'espace reste évidemment une priorité stratégique et les choix budgétaires du Gouvernement cette année le démontrent une fois encore, puisque les crédits alloués au programme consacré à la recherche spatiale augmentent de 200 millions d'euros, afin notamment de soutenir le développement d'Ariane 6.
Mais notre responsabilité collective est aussi d'observer lucidement le marché des lanceurs, où l'on constate trois évolutions majeures : moins de lancements de satellites géostationnaires ; le passage à des constellations, pour lesquelles les contrats ne sont pas encore signés ; l'émergence de nouveaux acteurs, notamment SpaceX.
Ariane 6 apportera des réponses, mais il est néanmoins impératif d'améliorer la compétitivité de notre industrie. Aucune voie ne doit être ignorée. La première d'entre elles, c'est celle de la recherche et développement : l'État est au rendez-vous, en soutenant l'innovation de rupture. La deuxième, c'est la consolidation de la demande institutionnelle, et nous progressons vers un Buy European Act. La troisième, c'est la simplification de l'organisation, la réduction des coûts et l'ajustement des effectifs chez ArianeGroup comme chez ses partenaires et l'ensemble des sous-traitants européens.