Intervention de Muriel Ressiguier

Séance en hémicycle du mardi 13 novembre 2018 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2019 — Enseignement scolaire – sport jeunesse et vie associative

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMuriel Ressiguier :

Sans surprise, le budget 2019 pour la mission « Enseignement scolaire » et la mission « Sport, jeunesse et vie associative » est dans la droite ligne du budget 2018. Vous continuez à détricoter l'école de la République et vous vous attaquez au tissu associatif français.

Dans ce PLF, vous évoquez sans cesse une « école de la confiance », mais de quoi s'agit-il exactement ? Certes, dans le primaire, le dédoublement des classes de CP en REP et en REP+ permettra une meilleure prise en charge des élèves. Mais, dès l'enseignement secondaire, vous prévoyez d'affaiblir le service public de l'éducation nationale en supprimant 2 600 postes d'enseignants : cela conduira inévitablement à surcharger les classes de collèges et de lycées, ce dont vous avez d'ailleurs probablement conscience, puisque vous imposez en parallèle des heures supplémentaires aux enseignants. Hier, lundi 12 novembre, vous avez réussi à rassembler contre vous sept syndicats de l'éducation nationale, une première depuis 2011 : bravo !

En tenant compte de l'inflation et de l'accroissement démographique, la mission « Enseignement scolaire » accuse, pour 2019, une baisse de 0,02 % de son budget. Alors que les politiques d'austérité ont déjà démontré leur inefficacité, vous faites à nouveau le choix d'accentuer le démantèlement de l'éducation nationale. Cela dégradera les conditions d'études des élèves et les conditions de travail du personnel. Pourquoi un tel choix ?

Le constat est déjà alarmant : depuis 2007, une école a fermé chaque jour, principalement en zone rurale. Depuis la rentrée de septembre, la FCPE a enregistré 29 862 heures d'absence de professeurs non remplacées, de la maternelle au lycée. Est-ce là l'école de la confiance que vous appelez de vos voeux ?

Avec votre réforme du bac, qui entrera en vigueur en 2021, vous introduisez le contrôle continu et créez donc une inégalité des chances entre les élèves détenteurs d'un diplôme, lequel n'aura désormais plus la même valeur selon l'endroit où il sera obtenu. C'est la fin de l'école de la République ! Le baccalauréat doit rester un diplôme d'État, passé dans les mêmes conditions et ayant la même valeur sur tout le territoire français. De plus, vous baissez le taux d'enseignements généraux dans les lycées professionnels et dévalorisez certains enseignements optionnels au bac, comme le théâtre, le sport ou certaines langues.

Mais l'inégalité face à l'éducation ne semble pas vous préoccuper, bien au contraire. Vous développez une philosophie de l'éducation compétitive et libérale avec, en ligne de mire, la seule employabilité. Vous formerez à l'avenir non plus des citoyens émancipés mais des employés destinés à servir votre start-up nation. À l'inverse, nous défendons une école républicaine, lieu de l'égalité et de l'émancipation. Nous proposons notamment la gratuité des cantines scolaires, un véritable statut pour les AESH – accompagnants des élèves en situation de handicap – , acteurs majeurs de l'inclusion scolaire, ainsi que la création de postes de CPE – conseillers principaux d'éducation – , de professeurs, de médecins, d'infirmiers et de psychologues scolaires.

En ce qui concerne la mission « Sport, jeunesse et vie associative », là encore, votre budget n'est pas au rendez-vous. En effet, le budget de cette mission accuse une baisse de 10 %. Vous faites le choix de valoriser l'organisation des Jeux olympiques, au détriment de la pratique quotidienne du sport. Une fois de plus, ce sont les citoyens qui seront pénalisés au quotidien.

Quant au monde associatif, vous persistez dans la précarisation, en incitant les associations à utiliser du personnel à bas coût – bénévoles, services civiques ou encore stagiaires – plutôt que de les aider à stabiliser leur activité et à pérenniser leur personnel avec des conditions de travail dignes. Or l'engagement associatif, l'éducation populaire et la pratique sportive permettent à chacun de s'épanouir et d'être acteur de la société. Mais, comme pour l'éducation, vous appliquez ici exclusivement une logique de rentabilité.

Finalement, à travers ce budget, vos choix politiques ont le mérite d'être clairs : ils consistent à mettre progressivement fin aux services publics et à se prosterner devant l'argent roi. Le vocabulaire entrepreneurial de la performance et de l'efficience est omniprésent : c'est le signe d'un basculement de société vers l'individualisme et la marchandisation du savoir.

Nous portons bien évidemment une tout autre vision de la société, tournée vers l'humain d'abord, une vision dans laquelle l'État républicain a pour ambition première de servir l'intérêt général. Notre projet pour l'éducation est inséparable de notre projet de société. À l'heure où nous devons faire face à de nombreux défis sociétaux et environnementaux, l'école doit devenir le lieu de l'éducation à l'intérêt général, où l'individu s'émancipe, peut sortir du déterminisme social et se prépare pleinement à l'exercice de sa citoyenneté.

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