Intervention de Jean-Michel Blanquer

Séance en hémicycle du mardi 13 novembre 2018 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2019 — Mission enseignement scolaire (état b)

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse :

À nouveau, je partage l'esprit de votre amendement, qui est celui d'un soutien très fort à l'enseignement professionnel. Je rappelle que celui-ci constitue la deuxième priorité de mon action, après celle en faveur de l'enseignement primaire ; cela se traduit par la réforme que Mme la rapporteure spéciale vient de rappeler, et qui vise effectivement à accroître l'attractivité de l'enseignement professionnel. Dans ce processus, les collectivités locales, les régions, jouent évidemment un rôle essentiel.

Je rappellerai ici les trois axes de cette réforme qui s'appliquera dès la rentrée 2019. Tout d'abord, nous voulons créer de véritables campus dans toute la France. J'ai utilisé à plusieurs reprises l'expression de « Harvard du professionnel » : je souhaite faire naître un imaginaire, et une réalité, de campus – avec des espaces verts, des équipements sportifs, des internats. Je veux que l'on aille dans l'enseignement professionnel non pas à cause d'un bulletin scolaire pas très bon, mais parce que l'on en a envie. Les campus participeront de cette attractivité.

De même, à partir de la rentrée prochaine, tout lycée professionnel a vocation à rejoindre un réseau thématique national l'inscrivant dans une logique d'excellence en rapport avec le thème qui est le sien. Par exemple, un lycée professionnel de l'automobile appartiendra au réseau d'excellence de l'automobile dans toute la France.

Deuxième axe : dans la lignée du rapport de Céline Calvez et de Régis Marcon, l'enseignement professionnel s'inscrira dans les grandes thématiques d'avenir du XXIe siècle. La révolution numérique, en particulier, est au coeur de l'évolution de l'enseignement professionnel, car elle change tous les métiers. Il faut que demain, un élève de troisième souhaite intégrer une seconde pro parce qu'il sait que quelque chose d'essentiel est en train de se jouer et qu'il veut se former au numérique, qu'il travaille après son baccalauréat professionnel ou qu'il poursuive des études supérieures.

La transition écologique est l'autre thème fondamental qui se retrouvera dans l'enseignement professionnel, en synergie avec d'autres choix budgétaires. Les métiers du bâtiment ou de l'énergie sont en train de se transformer pour créer une nouvelle attractivité et un nouvel imaginaire de l'industrie et des services du XXIe siècle.

Tout ceci doit conduire des formations insérantes à devenir très attractives dans les temps à venir.

Troisième axe, qui était présent dans votre propos, madame la députée : le renforcement du lien avec l'apprentissage, de façon à en finir avec la rivalité entre apprentissage et enseignement professionnel scolaire. Ainsi les lycées professionnels pourront-ils tirer parti du développement de l'apprentissage que prévoit la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel de ma collègue Muriel Pénicaud.

Surtout, l'apprentissage devra être promu au bénéfice des lycées professionnels, puisqu'à partir de la rentrée prochaine, nous y installerons systématiquement des unités de formation par l'apprentissage.

S'agissant de l'attractivité, les évolutions pédagogiques sont également fondamentales. Dès la rentrée prochaine, les classes de seconde pro commenceront à être organisées par famille professionnelle, afin d'éviter de cantonner les élèves dans des couloirs et de pouvoir leur offrir un choix important.

Parallèlement, des parcours personnalisés seront proposés aux élèves de terminale, selon qu'ils affirmeront vouloir travailler immédiatement ou poursuivre des études. Tous ces éléments contribueront à renforcer l'attractivité des lycées professionnels.

Je rappelle qu'en juin dernier, nous avons informé tous les principaux de collège de France qu'ils ne seraient plus évalués sur le nombre d'élèves se dirigeant vers les filières générale, technologique, professionnelle ou en apprentissage. Cette simple mesure a augmenté de 45,5 % les premiers voeux en faveur de l'apprentissage et de 5 % les voeux en faveur de l'enseignement professionnel.

Nous sommes donc non seulement ambitieux, mais également cohérents. Si l'on affirme l'égale dignité de l'enseignement professionnel, on doit en tirer toutes les conséquences, notamment offrir de grandes possibilités de choix aux élèves. Le budget est à la hauteur, ce qui rejoint la réponse que je faisais tout à l'heure.

Mais je ne veux pas abuser de votre temps…

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