Intervention de Jean-Michel Blanquer

Séance en hémicycle du mardi 13 novembre 2018 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2019 — Mission enseignement scolaire (état b)

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse :

Je souscris à l'esprit de votre proposition, monsieur Roussel, et je connais votre intérêt pour les enjeux du numérique. Comme vous l'avez fait à l'instant, nous devons souligner l'importance de l'éducation au numérique et par le numérique.

Lors du discours que j'ai prononcé fin août dans le cadre de l'université d'été du numérique pour l'éducation – LUDOVIA – , j'ai proposé une structuration de notre stratégie en la matière. Celle-ci peut se résumer par les deux mots clés de protection et d'ambition.

Le mot « protection » était très présent hier, à l'UNESCO, lorsque de nombreux chefs d'État et de gouvernement et de hauts responsables du numérique dans le monde ont participé au sommet Tech For Good, souhaité par le Président de la République, qui a permis d'insister sur les enjeux de la protection des données, mais aussi de la protection de nos enfants et de nos adolescents contre les sites pornographiques, racistes et l'ensemble des dangers qui les guettent sur internet. La question des réseaux sociaux a également été évoquée. Tous ces sujets relèvent de la protection dont nous avons en effet parlé lors du vote de la proposition de loi sur l'interdiction du téléphone portable à l'école primaire et au collègue.

Parler de protection n'est cependant pas contradictoire avec le fait d'afficher une ambition. Il s'agit même d'une condition à la création de ce cadre de confiance dont j'ai pu parler à LUDOVIA et qui semble très cohérent avec le projet d'une école de la confiance.

Créer ce cadre au sein du ministère de l'éducation nationale, c'est bien sûr respecter strictement le règlement général sur la protection des données – RGPD – , qui fournit aujourd'hui un cadre européen. C'est très important, car nous avons parfois pu déplorer un certain flou sur ces questions. Nous avons à présent un cadre clair, d'autant que j'ai nommé un délégué général chargé de ces enjeux à l'échelle du ministère.

Dans ce cadre de confiance, nous menons une politique ambitieuse. Je souhaite souligner à cette occasion que ce budget comporte une augmentation importante des crédits pour le numérique, de l'ordre de 15 millions d'euros, qui ne résume cependant pas tout ce que nous faisons.

Sans épuiser le sujet, je voudrais indiquer que d'immenses innovations seront mises en oeuvre à l'occasion de la rentrée 2019. Pour la première fois en France, et même dans le monde, une nouvelle spécialité, intitulée « science informatique et numérique », sera dispensée aux élèves de première et de terminale. C'est une innovation très importante, y compris pour former davantage d'ingénieurs – notamment des femmes – à l'avenir, et pour initier de nombreux élèves à ces enjeux.

J'en profite pour indiquer à l'ensemble de la représentation nationale que les programmes sont publiés en ce moment même sur le site Éduscol. Ils peuvent encore être analysés, critiqués ou faire l'objet de propositions, pour aboutir aux programmes définitifs à la fin du mois de décembre.

D'autres innovations pédagogiques s'ajoutent à celle-ci, notamment la systématisation de l'enseignement de la programmation à l'école primaire et au collège.

Par ailleurs, sur le plan budgétaire, il importe de souligner qu'à travers les deuxième et troisième programmes d'investissements d'avenir – PIA – , avec deux fois 250 millions d'euros et en lien avec les collectivités locales, nous menons une politique volontariste d'appui aux initiatives numériques dans notre système scolaire. Nous sommes donc en train de nous donner les moyens à la fois de l'investissement et du fonctionnement en matière numérique.

J'émets donc un avis défavorable à cet amendement, car je considère que nous investissons des moyens importants sur ce sujet pour l'année 2019, au nom d'une ambition forte. Je ne voudrais pas non plus rompre les équilibres et abonder ce programme au détriment de dépenses sociales importantes.

Cet avis défavorable ne retire cependant rien au fait que le Gouvernement envisage favorablement l'esprit de votre proposition.

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