Comme nous l'avons indiqué en commission, nous ne mésestimons pas les efforts faits dans ce budget pour la recherche et l'enseignement supérieur, mais ils nous semblent cependant insuffisants au regard des enjeux si importants pour un pays comme le nôtre, qui ambitionne de demeurer à un haut niveau de formation, de science et de culture et de permettre tant à ses jeunes qu'aux chercheurs en poste d'atteindre leur plus haut niveau de compétence.
Ce budget porte sur des masses financières considérables, ce qui se conçoit au regard du nombre élevé d'opérateurs de haute qualité qui en dépendent mais, à y regarder de plus près, compte tenu de l'inflation et du glissement vieillesse-technicité applicable aux salaires, le budget stagne plutôt en termes réels. Nous sommes en-deçà de l'objectif de 3 % résultant de la stratégie de Lisbonne.
Il est d'ailleurs surprenant de voir évoquée de manière récurrente cette question du GVT qui constitue tout de même une donnée de base dans le calcul des salaires de tous les agents publics.
S'agissant de la réforme de l'accès à université intervenue cette année avec Parcoursup, nous demeurons dubitatifs, car les chiffres montrent que nombre de candidats ont abandonné en cours de parcours, sans doute découragés. Pour certains, l'affectation a été très lente. Surtout, l'impression demeure, dans les quartiers populaires, que le dispositif fait la part belle à ceux qui sont considérés comme l'élite scolaire et sociale dominante, aux dépens des moins bien lotis.
II serait nécessaire qu'après ces quelques mois de recul, nous disposions d'une évaluation objective et argumentée de ce nouveau dispositif et des améliorations nécessaires pour que l'accès à l'université ne constitue pas encore pour nos jeunes une épreuve aléatoire et angoissante.
Nous avons noté une timide hausse des crédits pour la création de directeurs d'étude, et les dispositifs « oui si », mais nous aimerions avoir une meilleure visibilité sur les nouveaux dispositifs d'accompagnement destinés à épauler les élèves les plus fragiles, qui ne sont pas explicités à ce stade.
De même, on ne peut que soutenir une hausse de crédits pour l'amélioration du déroulement des carrières des personnels, chercheurs, ingénieurs et techniciens mais le rapport de notre collègue Berta montre combien nous sommes encore loin du compte. Si les critères d'appréciation des professeurs et des enseignants chercheurs doivent être modifiés pour mieux récompenser ceux qui s'investissent dans l'accompagnement des étudiants, pour l'heure, nous ne disposons pas d'éléments tangibles.
L'idée d'accorder plus d'importance à l'encadrement des étudiants nous convient mais nous voyons que ce budget stagne avec un recul des aides directes de 0,30 % et une baisse du nombre de bourses au mérite octroyées. Nous entendons les inquiétudes des syndicats étudiants pour qui la précarité étudiante demeure et qui comprennent mal la hausse de la contribution pour la vie sportive et culturelle, qui ne correspond pas toujours à des services proposés.
Nous avons aussi déploré l'abandon de l'allocation d'aide à la recherche d'un premier emploi, qui avait fait consensus en 2016. Les critères nécessaires pour bénéficier de la garantie jeunes, à destination des jeunes en situation de précarité, ne correspondent pas à la situation des étudiants.
Par ailleurs, la diminution des crédits prévus pour l'immobilier de 3,63 % nous semble regrettable compte tenu des travaux nécessités dans bon nombre d'établissements.
Concernant la recherche, nous estimons positif que ce budget si important pour notre pays soit préservé. Nous proposons, dans le contre-budget conçu par le groupe socialiste, d'augmenter d'un milliard les crédits affectés à la recherche et à l'enseignement supérieur.
Nous sommes aussi préoccupés par les conséquences sur le mécénat de la réforme de l'IS. Pour nombre de nos grandes institutions de recherche, une part non négligeable de leur financement est assurée par le mécénat de particuliers. La diminution du nombre d'assujettis à l'ISF a fortement diminué le nombre de donateurs. Or, la recherche doit s'intensifier sur le plan médical pour répondre à de nouveaux défis – le virus Ebola ou Zika, face auxquels nous sommes insuffisamment armés.
Chacun est conscient également de la nécessité de renforcer les recherches pour lutter contre cette horreur que représentent les cancers pédiatriques. Avec Mme Laurence Dumont, je salue le travail réalisé par le centre de recherches de Caen pour développer de nouvelles radiothérapies. Ce centre doit disposer de moyens renforcés pour remplir sa mission. Nous vous encourageons par conséquent à améliorer ce budget qui nous paraît insuffisant.