C'est une question qui nous réunit tous : il n'y a évidemment aucun procès d'intention à faire sur un sujet aussi sensible et aussi douloureux. Lorsque j'ai, à deux reprises, déposé un amendement en commission des finances, il ne s'agissait pas de mettre quiconque en difficulté.
On parle beaucoup en ce moment d'intelligence artificielle ; n'oublions pas l'intelligence collective. Et en l'occurrence, l'intelligence collective, c'est d'aboutir à des consensus. Vous avez cité les chiffres, ils sont terribles. Il y a des enfants qui ne guériront jamais, les parents le savent, et il y en a qui garderont des séquelles parfois très importantes, toute leur vie, parce que les thérapies sont très lourdes et difficiles à supporter, peut-être plus encore que celles pour les adultes.
Ce consensus pourrait peut-être se dessiner autour de quatre idées fortes.
La première, c'est que l'on doit être clair sur les chiffres. Ce n'est pas facile, je le sais, je l'ai compris : la recherche fondamentale dépasse, par définition, le sujet visé. Mais, honnêtement, si on veut, on doit pouvoir mieux évaluer le niveau de l'effort public français en matière de lutte contre le cancer de l'enfant. Vous avez évoqué le chiffre de 8 millions, mais on peut élargir le champ visé. Il faut préciser l'effort consenti par la France. Aujourd'hui, nous restons quelque peu dans le flou.
La deuxième idée, c'est qu'il faudrait bien indiquer la destination des crédits votés par le Parlement. On doit pouvoir le faire dans le domaine de la recherche clinique, de la recherche translationnelle, comme dans celui de la recherche fondamentale bien que cela soit sans doute plus difficile. Je sais bien que cette idée de « fléchage » – le terme n'est peut-être pas le bon – ne va pas de soi ; dans d'autres pays, c'est pourtant le cas. Aux États-Unis, cela a été fait. Il faut pouvoir y arriver.
La troisième idée fondamentale, c'est qu'il faut augmenter les crédits alloués spécifiquement à la recherche sur les cancers de l'enfant. L'amendement que nous avons déposé tend à affecter 18 millions à cette tâche ; d'autres de nos collègues ont proposé 20 millions. Je ne sais pas combien il faut, je ne suis pas chercheur, mais je sais ce qui se dit dans le milieu de la recherche comme dans les associations.
Vous proposez 5 millions, madame la ministre, 3 d'un côté, 2 de l'autre . Vous devrez nous réexpliquer s'il s'agit bien de crédits nouveaux. Peut-être faut-il se contenter de ces crédits récurrents ; peut-être faut-il commencer par cette somme, puis rectifier au fur et à mesure de l'arrivée des résultats. En tout cas, je note que le Gouvernement a bougé.