Je ne sais pas si c'est l'heure, le sujet ou surtout le fruit de dix-huit mois de travail : dans le cadre de la mission d'évaluation et de contrôle sur l'évaluation du financement public de la recherche dans les universités, Patrick Hetzel, Danièle Hérin et moi-même avons pris conscience qu'il était impossible de comprendre précisément combien d'argent public était consacré à des sujets de société majeurs.
Dans la résolution que cette assemblée a votée à la quasi-unanimité au mois de juin dernier, puis dans notre rapport en conclusion des travaux de la mission d'évaluation et de contrôle, nous avions écrit qu'il y avait, au fond, un problème dans notre compréhension collective : nous ne sommes pas en mesure, aujourd'hui, de déterminer quelle somme d'argent du CNRS, de l'INSERM, des hôpitaux, des fonds européens, des familles, des fondations ou de l'INCa contribue à la recherche sur tel ou tel sujet, par exemple sur les cancers pédiatriques.
La question de la consolidation – il sera intéressant d'y revenir lorsque nous examinerons les amendements suivants – est au coeur de la réflexion sur la recherche française aujourd'hui. La diversité de notre recherche est une chance, mais, sur un sujet de cette nature, c'est parfois une faiblesse.
Je souhaite vous dire plusieurs choses à tous, mais aussi en réponse aux propos de la ministre.
Vous avez été très humble, madame la ministre : vous menez un combat acharné auprès de la Commission européenne et du Parlement européen pour que le cancer de l'enfant soit une priorité majeure dans les prochains plans de financement européens, qui mettent des moyens à la disposition de tous les États membres. De cette manière, les équipes de recherche françaises auront beaucoup plus de moyens à aller chercher au niveau européen. C'est pou moi un point très important.
La proposition de loi de Nathalie Elimas, notre collègue du MODEM, vise à tisser le lien entre la recherche dont nous débattons ce soir et toutes les étapes qui suivent, jusqu'aux soins dispensés aux enfants, à leur accompagnement et au soutien aux familles.
Sur la question qui nous occupe ce soir, la clé est de réfléchir à tous les usages susceptibles d'être une solution au cancer pédiatrique qui peuvent découler de la recherche fondamentale sur des sujets tout autres. Il s'agit de voir, par exemple, comment le laboratoire de lasers que j'ai visité à l'École polytechnique, qui réalise des lasers très précis et très pointus, peut apporter une aide en ce qui concerne le tronc cérébral, ou comment l'Institut Curie, où nous nous sommes rendus hier, qui fait appel à l'intelligence artificielle pour travailler sur des centaines de millions de données biologiques relatives aux patients, peut aider à comprendre comment les cellules se différencient. L'enjeu est de stimuler la réflexion sur les usages à des fins pédiatriques.
Quant au fléchage, nous parviendrons à le faire grâce à l'outil que vous développez, madame la ministre, autour de l'INCa.
L'évaluation est un autre point clé. En tant que rapporteure spéciale des crédits de la recherche, j'imagine que nous pourrons la mener à bien. Je pense, monsieur le président de la commission des finances, que nous pourrons assurer un suivi des travaux de la mission d'évaluation et de contrôle.
Pour conclure, grâce à la structuration autour de l'Institut national du cancer à laquelle vous appelez, madame la ministre, les familles pourront prendre toute leur part à la compréhension et à la stimulation de la réflexion, en faisant remonter leurs questions. C'est une grande nouveauté. Cela rappelle ce qui s'est passé pour les maladies rares. Au départ, il y avait 300 associations s'intéressant chacune à une maladie différente : aujourd'hui, beaucoup de choses ont été structurées au niveau européen, et nous disposons, en France, de l'institut Imagine, lieu très novateur pour le traitement des maladies rares.
J'espère que nous pourrons nous dire un jour que le processus que nous allons lancer ce soir sur les cancers pédiatriques – que nous approfondirons année après année : peut-être y consacrerons nous davantage de moyens, peut-être serons nous capables d'évaluer – aura permis d'obtenir des résultats et de faire que les enfants soient soignés. Cela prendra du temps, mais je pense que nous sommes en train de réaliser un grand progrès.