Intervention de Arthur Kermalvezen

Réunion du mardi 16 octobre 2018 à 18h20
Mission d'information sur la révision de la loi relative à la bioéthique

Arthur Kermalvezen, co-fondateur de l'association Origines :

J'étais dimanche dernier à une réunion d'associations de personnes nées sous X et je ne vous cacherai pas que toutes les personnes que j'ai rencontrées désirent faire un test ADN établissant leur filiation. Les tests ADN sont d'ailleurs dans le « Top 10 » des cadeaux les plus offerts à Noël aux États-Unis. Il y a un an, lorsque je me suis adressé à une entreprise proposant des tests ADN, nous étions 3,5 millions à avoir demandé un test à cette entreprise, et nous sommes désormais 5 millions. L'entreprise Ancestry, qui vend également des tests génétiques, est pour sa part passée dans le même temps de 7 millions à 10 millions de kits vendus. Une lame de fond s'annonce donc, que le législateur doit anticiper

Un exemple va vous montrer l'impossibilité de conserver l'anonymat secret. La semaine dernière, un ami conçu par insémination artificielle m'a appelé pour m'annoncer qu'il avait retrouvé un demi-frère biologique, mais que celui-ci ignorait avoir été conçu par insémination artificielle avec donneur. Le demi-frère de mon ami n'avait certainement pas fait ce test ADN par hasard. Mais il n'empêche que le rapport aux origines des enfants nés de PMA avec tiers donneur, parce qu'il a lieu dans le cadre de l'anonymat, reste un rapport au secret, et que l'époque où ce secret était bien gardé est terminée.

Je souhaite ajouter quelques mots au sujet des naissances sous X. Abandonner un enfant et le confier sont deux réalités très différentes. Dimanche dernier, j'ai vu des mères qui avaient été contraintes de confier leur enfant et qui le recherchaient depuis dix ans. Elles ont certes depuis 2002 le droit de se signaler, mais s'adresser à un CNAOP n'est pas techniquement aisé. On ne parle pas de ces femmes qui ont confié, et non abandonné, leur enfant et qui seraient ravies de le retrouver. Ces situations mériteraient au moins qu'une étude les concernant soit menée. Il est clair, en tout cas, que le maintien de l'anonymat sous X est une barrière mise à la construction de soi et une source de souffrance.

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