Vous indiquez qu'il faut se prémunir des « délires ». Quel « « délire » voyez-vous dans les propositions d'évolution de loi que nous analysons présentement ? Ne faut-il pas prendre de la hauteur et faire preuve de respect, plutôt que de basculer dans cette diabolisation ?
Vous demandez quelle société nous voulons pour demain. La réponse de la plupart des Français est de dire qu'ils ne veulent pas en tout cas pas de celle d'hier, où l'espérance de vie était de 30 ans en moyenne, avec une mortalité infantile effrayante. Ce n'est pas non plus celle qui refuse tous les progrès. Vous dites que les progrès peuvent véhiculer des dangers, certes, mais aussi des bienfaits. C'est à nous de faire la distinction.
Ma première question, si vous imaginez que l'on puisse accepter certains progrès, effectifs ou à venir, est la suivante : êtes-vous pour ou contre la PMA avec tiers donneur, y compris pour les couples hétérosexuels ?
Ma deuxième question porte sur le dépistage anténatal. Celui-ci ne conduit pas seulement à quelques interruptions de grossesse thérapeutiques, quand une maladie grave a été dépistée, mais aussi à des traitements anténataux, qui permettent de sauver des foetus. En 1988, nous avons réalisé les premières greffes in utero, pour sauver des foetus atteints de maladies graves au niveau immunologique ou hématologique. Ces résultats sont positifs. Le dépistage ne sert pas qu'à éviter la naissance d'enfants très malades, mais aussi à traiter ces maladies.
Troisièmement, vous assimilez le DPI à de l'eugénisme. Pourtant, l'eugénisme constitue l'ensemble des méthodes et pratiques qui visent à améliorer le patrimoine génétique de l'espèce humaine. Ne voyez-vous pas de différence entre la prévention d'une naissance avec une maladie très grave et l'amélioration du patrimoine génétique de l'espèce ? De mon point de vue, il s'agit de deux démarches très différentes. À vos yeux, ne sont-elles pas distinctes ?
J'en viens à ma quatrième question. Vous semblez être contre la recherche sur l'embryon. Pourtant, celle-ci permet d'améliorer l'efficacité de la FIV, qui pour l'instant est loin d'être optimale, notamment en France. La recherche sur l'embryon permettrait d'éviter la production de nombreux embryons surnuméraires, point qui semble vous tenir à coeur. Voilà une contradiction, entre le refus de toute recherche sur l'embryon et le fait de ne pas accepter qu'elle puisse éviter cette production surnuméraire. Pourquoi aborder la recherche sur l'embryon différemment de la recherche sur le foetus et le nouveau-né ? Ces recherches sont très encadrées, puisqu'elles concernent des êtres très vulnérables. Pourquoi sacraliser l'embryon à un degré différent du foetus ? Pourquoi ne pas appliquer les mêmes règles ? L'autorisation de la recherche sur l'embryon a permis de supprimer cette hypocrisie qui interdisait de produire des cellules souches embryonnaires, mais permettait d'acheter celles produites dans les pays voisins.