L'examen des crédits des missions « Action extérieure de l'État » et « Aide publique au développement » le montre : si le budget 2019 proposé par ce Gouvernement reste cohérent par son obsession des chiffres, c'est au détriment de la réalité du terrain. Quelques jours seulement après la commémoration de la fin de la Première guerre mondiale, nous sommes déjà loin du vibrant plaidoyer en faveur du multilatéralisme prononcé par le Président.
Le quai d'Orsay, pourtant utile à nos compatriotes – notamment aux plus de 2 millions de Français établis à l'étranger et aux 22 millions qui voyagent hors de nos frontières – va donc continuer à s'affaiblir. Alors qu'il a déjà perdu 50 % de ses effectifs en trente ans, il n'est pas question de changer de politique, puisque 10 % de la masse salariale devra être encore supprimée d'ici trois ans. Près de 130 emplois sont ainsi menacés dès 2019, et comme toujours, les plus précaires sont les plus exposés – comme les contractuels et les agents de catégorie C, dont les postes risquent d'être soumis à la sous-traitance.
Pour atteindre cet objectif, il va falloir remplacer des agents expatriés par des personnes recrutées localement. Or cela pose question, pour l'exercice des missions du ministère, mais aussi en ce qui concerne la situation de ces agents locaux, notamment leurs rémunérations et leurs droits.
Évidemment, pour faire fonctionner des services avec moins de personnel, il va falloir opérer des fusions. Celles-ci se feront au détriment des Français vivant à l'étranger : au motif qu'il est faisable de se rendre à Paris lorsque l'on vit dans un pays frontalier, vous allez ainsi torpiller le réseau consulaire européen.
Par ailleurs, la stratégie du « tout numérique », qui sert à justifier la fermeture de guichets consulaires, laisse complètement de côté les expatriés ou les touristes se rendant dans des pays où internet reste peu accessible, par manque d'infrastructures ou pour des raisons politiques.
Même si vous ne semblez pas vouloir l'assumer, lorsque la présence de la France recule dans le monde, son influence fait nécessairement de même. Pourtant, la France se doit d'être digne de sa place de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies.
La continuité de la politique qui, à chaque projet de loi de finances, donne Bercy vainqueur du Quai par KO, n'est pas tenable sur le long terme car la crédibilité de la diplomatie française s'en ressent fortement. Et ce n'est pas l'organisation du G7 – le 25 août prochain à Biarritz – par la France, ni les 39 millions d'euros dépensés pour ce club de riches dont les décisions sont prises au mépris du vrai multilatéralisme, qui y changeront quelque chose.
On peut observer partout les signes de la paupérisation des réseaux diplomatiques et consulaires : dans les consulats ; dans l'évolution des conditions de travail, en France comme à l'étranger ; ou encore en comparant les contributions multilatérales volontaires – selon ce dernier critère, la France n'est qu'au dix-neuvième rang mondial, derrière notre voisin belge, dont le PIB est pourtant près de cinq fois inférieur au nôtre.