Comment la France peut-elle continuer à donner au monde entier des leçons de multilatéralisme sans pour autant y consacrer les moyens financiers nécessaires ? La crédibilité diplomatique ne se paie pas que de mots !
Il en va de même pour le budget de l'Aide publique au développement. Celui-ci va certes augmenter l'année prochaine, mais d'une manière si timide que l'objectif d'y consacrer 0,55 % du revenu national brut en 2022 devient dangereusement peu crédible, à moins de faire évoluer le périmètre de l'APD et d'intégrer dans ce calcul les dépenses de sécurité et « d'investissement solidaire », c'est-à-dire liées à l'armée et au business français… Nous serons vigilants sur cette question.
En matière d'aide publique au développement, c'est à l'Élysée que tout se pilote, ce qui est regrettable. La division de la gouvernance, répartie entre deux ministères, Bercy et le Quai, permet à la Présidence de la République de régner sans partage afin de mieux contrôler les réseaux de fidélité de la Françafrique.
Les aides ne devraient pas servir à satisfaire les demandes des grandes multinationales françaises, mais à aider les peuples qui ont souffert hier de la colonisation et qui souffrent aujourd'hui de la mondialisation. C'est pourquoi nous réclamons à la fois un ministère de plein exercice, de façon à pallier la faiblesse du pilotage politique de l'aide au développement, et une augmentation de la part de l'APD dans le produit intérieur brut, qui est aujourd'hui, en comparaison avec les pays de rang équivalent, ridiculement faible. L'aide devrait en outre transiter par les organisations de la société civile et les organisations non gouvernementales.
À n'en pas douter, nous n'avons pas, monsieur le ministre, la même lecture de votre budget.