J'entends bien ! Vous et votre groupe, vous aviez peut-être envie de dire que nous avions laissé filer cet été, notamment aux Pays-Bas et en Belgique, la question du corridor et de l'attachement de l'Irlande ; il est vrai que la concurrence est très rude avec les ports de Dunkerque et du Havre, plus particulièrement. D'après les premières déclarations de la Commission, ce n'était pas en France. Nous avons toujours dit – vous avez vu la réaction de Mme Borne – que le port du Havre pourrait être le port d'attache de l'Irlande car c'est plutôt lui qui est concerné – mais Dunkerque et Calais pourraient également l'être.
À Roscoff, à Ouistreham, à Cherbourg, rien ne changera et nous mettrons les moyens qu'il faut pour que les douaniers puissent répondre aux interrogations. Mais, je le répète, monsieur le député, le problème, d'un point de vue douanier, n'est pas le départ de Cherbourg vers la Grande-Bretagne, mais l'arrivée de la Grande-Bretagne vers Cherbourg.
Par ailleurs, le Brexit n'est pas qu'une question douanière, même s'il l'est pour l'essentiel. C'est aussi une question de police aux frontières. La douane fait parfois des opérations de police aux frontières : dans les aéroports de Bretagne ou de La Rochelle, par exemple, ce sont des douaniers qui font le travail de la police aux frontières. À ce titre, c'est aussi une question douanière, mais c'est surtout une question de police aux frontières. Le ministre de l'intérieur est très mobilisé pour Dunkerque, pour Calais et pour les autres lieux où se produit effectivement un échange de personnes. Vous savez que les Britanniques sont nombreux sur le sol français, non seulement pour le tourisme mais aussi par le lien de propriété qu'ils peuvent avoir, notamment en Nouvelle Aquitaine, en Bretagne ou en Normandie. Cela fait également partie des économies des territoires.
Je voudrais par ailleurs insister sur la question agricole, car, que ce soit à Ouistreham, à Dieppe ou à Boulogne-sur-Mer, la question n'est pas seulement douanière : elle est essentiellement agricole. L'un des problèmes que nous avons à résoudre avec nos amis anglais est celui de la protection du marché commun et des consommateurs, et cela sans réveiller des polémiques anciennes car, s'il y a bien quelque chose qui rappelle de mauvais souvenirs aux Français et aux Européens en général, c'est bien le problème de l'importation de produits agricoles de Grande-Bretagne. Il y a là un défi administratif et sanitaire à relever du côté anglais – je vous rappelle qu'il n'y a quasiment plus d'administration sanitaire de l'autre côté de la Manche. C'est un vrai problème. Nous sommes à peu près certains que les marchandises qui vont traverser la Manche n'auront pas été contrôlées en Angleterre.
C'est un enjeu très important que tous les ministres ont dû affronter – Didier Guillaume après Stéphane Travert – , et qui, de Calais à Boulogne-sur-Mer, justifie une augmentation très importante des effectifs des personnels chargés, à côté des agents des douanes, de contrôler la pêche et la transformation des produits de la pêche. C'est pour cela que les douaniers pourront désormais accompagner, la nuit, leurs collègues du ministère de l'agriculture à Calais et à Boulogne-sur-Mer, mais aussi à Dieppe et dans d'autres ports normands.
Si, sur ce point, le plus sensible en réalité, les territoires et la représentation nationale se posent des questions légitimes, je les encourage à les adresser au ministre chargé des douanes, mais aussi au ministre de l'agriculture dont les services risquent de rencontrer des difficultés d'exécution dans les mois à venir.