Intervention de Delphine Ernotte

Réunion du mercredi 31 octobre 2018 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions :

Je ne sais pas si c'est pareil, mais, à un moment, il faut appeler un chat, un chat. Je n'ai pas fustigé les hommes blancs de plus de 50 ans, j'ai dit que nous avions une télévision d'hommes blancs de plus de 50 ans, ce qui est la réalité – le CSA l'évoque également dans son rapport. Je dis les réalités et je continuerai à le faire. J'aimerais d'ailleurs que l'on soit aussi virulent pour parler des violences faites aux femmes ou des discriminations. Je ne fustige personne quand je parle des hommes blancs de plus de 50 ans, je suis une femme de plus de 50 ans et je l'assume très bien.

Concernant Salto, la plateforme n'est pas lancée puisque nous devons attendre l'autorisation de la direction générale « Concurrence » de la Commission européenne, mais je vous assure que nous l'hébergerons chez un hébergeur européen.

S'agissant des propos de M. Rogard, je répondrai que nous devons faire attention à ne pas tuer les initiatives dans l'oeuf. Nous avons pour spécialité, en France, d'annoncer l'échec d'une initiative ou d'une start-up avant même qu'elle soit lancée. Je n'affirme pas que cette plateforme a 100 % de chance de fonctionner, mais essayons ! Déjà, personne ne me donnait une chance de trouver un accord avec TF1 et M6. Et si nous avons obtenu la validation de l'État et des conseils d'administration de TF1 et de M6, c'est bien parce qu'ils pensent tous que nous avons une chance.

Je ne pense pas du tout que ce soit un coup politique, et je pense encore moins que TF1 et M6 s'amusent à faire des coups politiques alors qu'ils ont à rendre compte, tous les jours devant les marchés, de leur politique d'investissement. Nous sommes tous bien conscients que nous avons besoin de cette entraide. Nous nous sommes d'ailleurs inspirés de Hulu, aux États-Unis, qui est un succès.

Il est vrai, et je rejoins Pascal Rogard sur ce point, que l'idéal serait une plateforme européenne. Mais comme, aujourd'hui, nous n'avons même pas les droits pour la France, imaginez la difficulté d'harmoniser nos différentes législations et d'acquérir des droits pour l'Europe ! Nous allons donc commencer par faire ce que nous pouvons faire, à savoir une plateforme française et des alliances au niveau européen pour diffuser des oeuvres de niveau international.

En ce qui concerne les séries, nous travaillons actuellement sur deux nouveautés : une série de science-fiction et une série sur fond de musique classique, Philharmonia – que j'adore. Mais il est vrai que je défends le genre policier, car il peut être le prétexte, le fil narratif pour raconter une autre histoire. Dans l'Art du crime, par exemple, diffusé sur France 2, c'est en fait d'art dont il est question. L'enquête n'est qu'un prétexte pour parler d'un tableau, de différentes oeuvres d'art. Il en va de même pour Philharmonia, qui a été tournée à la Philharmonie de Paris, et qui nous initie à la musique classique, à l'émotion de la musique classique. Néanmoins, nous devons, il est vrai, continuer de diversifier les genres. Des progrès sont également à réaliser dans nos processus, dans notre capacité à décider vite, à faire confiance aux auteurs et aux producteurs. Mais nous avons cette volonté de faire mieux.

S'agissant de la « taxe Copé », je n'ai pas d'avis sur son affectation. En revanche, je suis contente que le budget de France Télévisions soit déterminé par la redevance, un impôt affecté, ce qui est une garantie d'indépendance du service public et de pérennité de ses moyens. Le fait qu'en 2019 le financement de l'audiovisuel public soit « pur » est pour moi une très bonne nouvelle.

Concernant France 24, nous avons déjà des synergies renforcées avec cette chaîne. Nous nous sommes un peu inspirés de BBC News et BBC World : la première est nationale, la seconde internationale. France 24 diffuse énormément de sujets produits par France Télévisions et réciproquement.

Monsieur Bois, à quand une Casa de papel en France ? J'en ai une, mais ce n'est pas une bonne nouvelle. Nous avons diffusé sur France Télévisions une série qui a rencontré un beau succès mais la saison 2 sera diffusée par Netflix. Les tarifs ont augmenté et nous n'avons pas les moyens de suivre. J'espère donc qu'il n'y aura pas trop de Casa de papel en France !

Madame Dubois, la jeunesse est l'un des enjeux principaux de notre transformation, nous en avons donc tenu compte dans la réorganisation de la direction des programmes. Il y aura une entité « programmes jeunesse » totalement dédiée aux jeunes publics. Elle aura sans doute aussi la responsabilité de l'animation, afin de constituer un pôle fort. Enfin, la jeunesse, c'est aussi produire des programmes nativement numériques. Nous aurons donc, dans chaque genre, une personne qui sera chargée de concevoir et de faire exécuter des programmes numériques natifs. Pour les fictions, nous avons déjà nommé un jeune homme qui sera en charge de la fiction numérique.

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