Oui, nous sommes toujours très heureux de produire des documentaires comme Histoires d'une nation, nous avons vraiment le sentiment de faire notre travail. Nous avons créé un pendant numérique, où chacun peut raconter son histoire et aller à la rencontre des jeunes, qui est très satisfaisant. Cela fait partie des très bons moments – dont nous sommes fiers – que nous vivons dans cette entreprise.
Nous travaillons très bien avec l'Éducation nationale, nous allons bientôt annoncer les nouveautés que nous avons préparées pour les collèges et les lycées. Nous avons l'ambition d'une plateforme renforcée, concentrée et unifiée autour de l'Éducation nationale. Nous souhaitons faire de cette éducation un axe de développement très fort, au sein de l'unité programmes, pour répondre aux enjeux des élèves et des professeurs. Je suis très confiante quant à notre capacité à bien travailler avec l'Éducation nationale.
S'agissant des gestes qui sauvent, ce n'est pas un mince sujet, puisque, effectivement, des vies peuvent être sauvées. De manière générale, nous diffusons des émissions de médecine qui en parlent régulièrement, comme Allô Docteurs ou Le Magazine de la santé – ce thème est même abordé dans La Maison des maternelles, une émission destinée aux parents. Le 8 septembre dernier, nous avons réalisé une émission spéciale d'Allô Docteurs sur le thème « premiers secours, tout savoir pour sauver des vies en cas d'urgence ». Je ne sais pas si ce programme a permis d'en sauver une, mais je l'espère. Nous diffusons également des grandes émissions, fédératrices, en première partie de soirée, telles que, en juin 2017, Le test qui sauve, présentée par Michel Cymes et Adriana Karembeu, qui justement rappelait les gestes de premier secours ; 2,5 millions de personnes ont regardé cette émission. Plus récemment, en septembre, nous avons tiré une « web série » de la série Nina, dont l'héroïne est une jeune infirmière, autour des gestes qui sauvent : que faire en cas de crise d'épilepsie, d'hémorragie aiguë, de détresse respiratoire, etc. Enfin, comme le thème des « premiers secours » avait été déclaré « grande cause nationale » en 2016, nous avons largement contribué à diffuser les spots sur les comportements qui sauvent sur nos antennes, à des heures de grande écoute. Il s'agit donc bien d'un sujet que nous essayons d'intégrer au mieux, à la fois à nos fictions et à notre vie quotidienne.
Concernant la lutte contre les fakes news, notre volonté est bien de la renforcer. Pour ce faire, nous devons être très présents sur des initiatives disruptives car c'est de cette façon que nous allons toucher les jeunes. Nous ne traitons pas ce sujet sur les antennes plus traditionnelles, et il est vrai que nous pourrions imaginer une émission relative au décryptage des médias. Mais, je le répète, notre cible première est le jeune public, et pour les toucher, nous devons utiliser des formats très courts et les réseaux sociaux. Par exemple, sur Slash, une télé numérique à destination des 18-30 ans, nous utilisons les talents d'une « youtubeuse », journaliste, que nous filmons en train de mener une enquête. Nous la voyons ainsi se heurter aux fausses informations, vérifier ses sources, etc. C'est par ce type d'approche que nous allons arriver à toucher un maximum de jeunes. Nous menons également des actions avec l'Éducation nationale dans le cadre scolaire, qui sont également très importantes.
Madame Liso, Franceinfo, contrairement aux autres chaînes d'information, ne coûte pas cher, puisqu'elle est constituée à partir du travail des rédactions existantes – la rédaction nationale, les rédactions régionales et les rédactions ultramarines. Nous avons mutualisé les coûts. Certes, une vingtaine de millions d'euros, ce qui n'est tout de même pas négligeable, mais cela coûterait beaucoup plus cher si nous l'avions créée à partir de rien. Vous avez parlé ensuite de l'audience, mais n'oubliez pas que Franceinfo produit des programmes non seulement pour la télévision, mais également pour le numérique. Il est vrai aussi que le numéro du canal est important et qu'entre le canal 15 et le canal 27 nous perdons la moitié des téléspectateurs ; ce n'est pas neutre. Mais seul le CSA peut traiter cette question et prendre une décision, les numéros de canaux ne nous appartenant pas. Vous avez raison, c'est une question que nous devrons étudier pour 2020.
Monsieur Claireaux, je comprends votre question sur les outre-mer. Nous avons beaucoup travaillé avec des députés et des téléspectateurs ultramarins sur ce que nous devons mettre en place pour ces territoires. Nous nous sommes posé la question des quotas, notamment pour les journaux télévisés. Personnellement, je ne pense pas que nous puissions raisonner de cette façon, et ce pour deux raisons. D'abord, parce que la question n'est pas d'avoir des sujets sur les outre-mer, mais de les normaliser. Ensuite, parce que nous ne prédéterminons pas les sujets d'information, qui relèvent de l'exigence d'indépendance des rédactions ; les sujets diffusés dépendent de l'actualité. Néanmoins, nous nous sommes engagés à mesurer le nombre de sujets qui parlent des outre-mer et à les augmenter.
Concernant la violence à la télévision, nous sommes bien entendu très concernés. Votre président a, d'ailleurs, très tôt appelé mon attention sur les dangers de la pornographie pour les enfants. Nous avons réagi rapidement et diffusé des documentaires sur ce sujet. Comme pour les violences faites aux femmes et un certain nombre de sujets qui traversent en ce moment la société, nous traitons cette question de la violence que les enfants voient sur leurs écrans. Nous avons pris l'habitude de proposer, sur France 2, des soirées au cours desquelles, après la diffusion d'un film à thème, un débat est organisé par la rédaction ; il s'agit de soirées extrêmement suivies et qui ont un impact important sur la société française.
Monsieur Vignal, j'attends donc des roses ! Et je vous remercie d'avoir noté que France Télévisions supporte la quasi-totalité des économies de l'audiovisuel public, tout en augmentant ses missions. Je le prends donc comme un compliment.
Madame Granjus, si nous nous battons pour garder l'exception culturelle française, c'est aussi pour augmenter le rayonnement de la France à l'étranger, et les fictions françaises y contribuent. Deux entreprises audiovisuelles concourent à ce rayonnement, France 24 et, pour les contenus plus traditionnels, TV5 Monde, qui expose des contenus de France Télévisions et de partenaires francophones, suisses, belges et canadiens. Mais au-delà du rayonnement, la question qui se pose est la suivante : sommes-nous capables de fabriquer des fictions qui se vendent à l'étranger ? Les exportations sont en augmentation – 200 millions d'euros tous genres confondus –, la fiction représentant, au sein de ce total, 63 millions en 2017, soit trois fois plus qu'il y a quelques années ; mais nous pouvons faire beaucoup mieux. C'est la raison pour laquelle nous travaillons à une diversification des genres et que nous nous sommes alliés à nos partenaires européens. Nous souhaitons produire des séries de classe internationale qui s'exportent et feront ainsi rayonner la culture française et, plus largement, la culture européenne.
Je n'ai d'ailleurs pas répondu à M. Claireaux sur les investissements dans la création outre-mer. Sachez que nous nous sommes engagés à les maintenir.
Par ailleurs, madame Ali, nous devons différencier deux choses. D'abord, les stations ultramarines – radio et télé web –, qui sont très puissantes et pour lesquelles il existe des enjeux de transformation. Nous travaillons ensemble pour redéfinir les métiers et remettre des forces sur le numérique ; aujourd'hui, ces chaînes sont incontournables. Ensuite, il y a la question du traitement des sujets relatifs aux outre-mer dans l'Hexagone, ce qui est le rôle de France Ô. D'ailleurs, France Ô outre-mer est considérée par les stations ultramarines comme un concurrent davantage que comme un soutien.
Nombreux sont ceux de nos compatriotes ultramarins qui vivent en Île-de-France et qui ont basculé vers le numérique ultramarin. Nous nous heurtons néanmoins à une difficulté : nous ne pouvons pas donner à voir les chaînes ultramarines directement dans l'Hexagone, car dans ce cas nous devons acquérir des droits pour les outre-mer que nous n'avons pas forcément pour l'Hexagone. Par exemple, pour la Coupe du monde de football, TF1 avait acheté les droits pour l'Hexagone et France Télévisions les a achetés pour les territoires ultramarins. De même, nous achetons des fictions pour les territoires ultramarins que nous ne pouvons pas nous permettre d'acheter pour l'Hexagone, les droits étant trop élevés. C'est la raison pour laquelle nous mettons parfois des écrans noirs, quand nous n'avons pas le droit de diffuser certains programmes en métropole.
Nous devons donc arriver à dépasser cette situation, en investissant davantage dans le numérique – qui est déjà très fort dans les outre-mer. En revanche, au-delà de la mise à disposition des contenus ultramarins, comment créer une conversation, une communauté autour des sujets ultramarins ? C'est donc vers une version « réseau social » que nous souhaitons faire évoluer la plateforme existante.