Pour ma part, je trouve très sain que ces révisions de la loi relative à la bioéthique aient lieu périodiquement, d'abord parce que les moeurs évoluent et qu'il faut en tenir compte mais aussi parce que les progrès scientifiques amènent régulièrement de nouvelles questions.
Sur la consultation des citoyens, je suis un peu partagé car il me semble que les sujets de bioéthique sont si complexes que ces consultations sont plus une manière de sonder l'opinion publique que de véritablement recueillir l'avis des citoyens. Le CCNE est très souvent vu comme un comité d'experts par des citoyens qui ont parfois l'impression qu'il leur vole leurs décisions. Mais les sujets en débat sont si difficiles et exigent tant de compétences que, personnellement, le fait de demander l'avis d'experts ou de les considérer comme les principaux intervenants ne me choque pas. Par ailleurs, connaître l'état de l'opinion sur ces questions est utile : il s'est ainsi avéré que l'opinion publique française est majoritairement opposée à la GPA.
Il importe donc de procéder régulièrement à ces révisions et de se donner les moyens de connaître l'opinion de nos concitoyens, sans pour autant chercher à faire plaisir à tout le monde. J'en reviens ici au principe d'hétéronomie, dont j'ai déjà parlé, car le fait que le principe de dignité s'impose à ma volonté, comme le veut le CCNE, est un cas d'hétéronomie qui ne dit pas son nom. L'hétéronomie, en effet, correspond à l'idée que la volonté ou le consentement d'un individu ne permet pas tout et n'importe quoi car certaines choses dépassent notre volonté et notre consentement.