Parce que j'ai beaucoup fréquenté les unités de soins palliatifs, pour des raisons particulières, j'ai pu constater que la vraie raison du « mal-mourir » tient à leur insuffisance.
Votre dernière question portait sur l'eugénisme. Vous avez fort justement défini l'eugénisme comme une procédure étatique consistant à modifier le patrimoine génétique de l'espèce humaine. Mais je suis pour ma part frappé que trois instances de la République française qui font beaucoup d'auditions et travaillent avec des experts – le CCNE, le Conseil d'État et l'OPECST – aient parlé de dérive eugénique. Cette dérive eugénique est une forme de mentalité qui consiste à trouver normal de choisir pour un enfant des qualités prédéterminées, ainsi que le propose par exemple un site Internet danois auquel renvoie l'étude du Conseil d'État. Qu'un tel choix ne soit plus de l'ordre du fantasme est tout de même un peu affolant ! Au lieu de recevoir l'enfant comme un don, ainsi que l'ont dit mes prédécesseurs, on le voudrait tel que nous l'imaginons et le désirons. Et puisque les techniques permettent de l'obtenir, nous considérons que nous y avons droit. Cette mentalité eugénique, que favorisent des techniques toujours plus performantes, doit nous inquiéter. Je ne sais pas ce que serait une société où règnerait une mentalité eugénique favorisée par l'usage de techniques, mais je pense que dans une telle société la protection du plus faible serait remplacée par la loi du plus fort.
Je termine en vous remerciant, monsieur le rapporteur, pour les questions très perspicaces que vous nous avez posées.