Intervention de Claudia Wiesemann

Réunion du mardi 6 novembre 2018 à 16h15
Mission d'information sur la révision de la loi relative à la bioéthique

Claudia Wiesemann, vice-présidente du Conseil national d'éthique allemand, professeur d'éthique de la médecine à l'Université de Göttingen :

Il me semble que, pour ce qui est du don de gamètes, on a longtemps sous-estimé l'intérêt du donneur. On sait maintenant que bon nombre de donneurs de sperme veulent savoir ce qu'il est advenu de leur don car ils se sentent une certaine responsabilité. Un système plus ouvert, donnant aux enfants issus de dons un droit d'accéder à leurs origines permet aussi aux pères biologiques d'accéder à ces enfants. Si l'on instaure un système fondé sur la confiance et des relations familiales moins abstraites – même si elles ne sont pas très étroites –, d'autres hommes trouveront peut-être un intérêt à donner leur sperme.

La législation allemande rend obligatoire la tenue d'un registre national de tous les dons de gamètes. Les enfants issus de dons ont un droit d'accès à ce registre à partir de leur seizième anniversaire. Le processus administratif est très récent mais l'Allemagne étant réputée pour l'excellence de sa bureaucratie, je ne doute pas que cela fonctionnera !

Les États généraux de la bioéthique sont une bonne manière de donner confiance en la recherche car le peuple peut participer à la discussion scientifique, et ce qu'il dit est pris en compte et noté. D'autre part, le CCNE ayant préparé une grande somme de données sur plusieurs thèmes scientifiques, l'information a circulé dans les deux sens, ce qui est indispensable pour maintenir un certain niveau de confiance.

Le cas extrême de Mme Raunigk, qui est allée se faire inséminer en Ukraine, a provoqué un débat relatif à l'âge de la mère lors d'une AMP. Il a été observé que cette grossesse multiple chez une femme de 65 ans s'est déroulée sans complications dues à son âge : les seules difficultés ont été dues au nombre d'embryons implantés. Les femmes, au XXIe siècle, étant plus saines à 50 ans et à 60 ans qu'elles l'étaient au cours des siècles précédents, il n'est pas certain qu'il faille fixer une limite d'âge pour une AMP. Nous n'avons pas le recul nécessaire pour déterminer à partir de quel âge le niveau de risque devient excessif ; les données scientifiques dont nous disposons sont encore insuffisantes.

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