Ma question s'adresse à Mme Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé.
Deux morts par semaine, un viol toutes les heures, 73 000 victimes de violences par an : voilà le terrible bilan – certainement sous-évalué, car fondé uniquement sur les faits déclarés – de l'enfance maltraitée en France. C'est intolérable à entendre en cette journée internationale des droits de l'enfant.
À la suite de ces maltraitances, ce sont 300 000 enfants qui sont pris en charge et confiés à l'aide sociale à l'enfance pour les protéger. Malheureusement, les différences de moyens, de politiques départementales ou d'appréciations judiciaires se traduisent par des prises en charges différentes d'un territoire à l'autre.
Il y a urgence à rendre égalitaire cette politique pour donner à chaque enfant les mêmes chances de s'en sortir, permettre un taux d'encadrement plus important et obliger à un minimum de formation pour tous les adultes gravitant autour de ces enfants. C'est nécessaire pour mieux détecter les enfants en souffrance et pour éviter qu'ils deviennent eux-mêmes les bourreaux de leurs camarades de malheur ou qu'ils ne tombent dans la prostitution ou la délinquance.
Les résultats sont alarmants : 40 % des SDF de moins de vingt-cinq ans sont d'anciens enfants placés et 70 % sortent sans diplôme de l'aide sociale à l'enfance. Il n'est plus tolérable de laisser nos enfants continuer à se perdre.
Il est important, aujourd'hui, de s'emparer de ce sujet pour en faire un réel sujet de société et de soulever les tabous qui traînent depuis trop longtemps. En effet, comme le dit Lyes Louffok, ancien enfant placé et membre du Conseil national de la protection de l'enfance, on dit souvent qu'une société qui maltraite ses vieux condamne son avenir, mais qu'en est-il d'une société qui maltraite ses enfants ?
Pour conclure madame la ministre, je caresse le doux rêve que d'autres enfants placés, comme moi, siègent un jour dans cet hémicycle. Que comptez-vous faire pour rendre l'aide sociale à l'enfance égalitaire et réellement efficiente, et pour permettre à ces oubliés de la République d'avoir un avenir ?