La mise en scène et le soin porté à l'image remplacent alors l'authenticité et l'exactitude des faits rapportés. Nous devrions tous déplorer que la marchandisation de l'information se soit opérée au détriment de sa fonction civique ! Était-ce si invraisemblable que personne n'ait su l'anticiper ?
Au royaume des images qui se succèdent en cadence, il n'y a de place ni pour les idées abstraites, ni pour la mémoire. Désormais, seuls les chiffres de l'audimat comptent, comme l'a illustré un ancien PDG du groupe TF1, dans un entretien tiré d'un ouvrage intitulé Les dirigeants face au changement, paru en 2004 : « à la base, le métier de TF1, c'est d'aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit », affirmait-il alors. Reconnaissez, mes chers collègues, que dans ce contexte, la pertinence et la fiabilité des informations ne sont pas garanties, puisque l'objectif poursuivi par les entreprises de la presse et de l'audiovisuel n'est plus d'informer convenablement la population mais de vendre des créneaux publicitaires à des annonceurs. Comme l'affirmait un grand sociologue, nous devrions collectivement, au nom de la démocratie, nous insurger contre les diktats de l'audimat, car les exigences de cet outil commercial sont à la culture ce que les sondages d'opinion sont à la politique, …