Nous sommes effrayés par les discours de vérité et par les censeurs. Dans tous les pays où la censure a existé, l'histoire a fini en tragédie. Dès le début de la démocratie, on s'est posé la question de la vérité et de sa corruption. Dans la démocratie athénienne, les tribuns, cher Jean-Luc Mélenchon, vilipendaient l'écriture. Ils voulaient même l'interdire. On n'a jamais interdit l'écriture, mais on a appris à écrire, on a appris à juger et on a appris à comprendre.
L'imprimerie, la radio et la télévision, tous les médias ont nécessité une appropriation. Ils ont nécessité, de la part de nos concitoyens, une forme de distance, de recul, puis d'appropriation, et finalement d'intelligence collective. C'est le même phénomène avec les réseaux sociaux : ce ne sont pas les patrons de presse ou les journalistes qu'il faut vilipender, c'est trop facile, monsieur Mélenchon ! Ce qu'il faut revoir, c'est notre manière de consommer l'information, comme on consomme dans les supermarchés, vite et pas cher.
Approprions-nous les réseaux sociaux, parions sur le travail de nos journalistes, et nous créerons de nouveau de l'intelligence collective. Nous n'avons pas besoin de légiférer sur des diseurs de vérité.
Cela étant dit, je ne m'associerai pas à cette motion de rejet préalable, parce que, sur le fond, je ne suis pas d'accord avec vos arguments.